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Indivision et usage exclusif d’un bien : ne pas abuser !

Puis-je profiter exclusivement d’un bien faisant partie de l’indivision ?

Le régime de l’indivision constitue certainement l’un des pans de notre droit qui suscite le plus de passion, le plus de tension, mais également le plus d’incompréhension. Car une fois réaffirmé l’adage « Nul n’est tenu de rester dans l’indivision »  dans lequel quiconque entrevoit l’issue aisée  d’une situation souvent héritée ; beaucoup de difficultés surgissent. Il arrive qu’un indivisaire profite plus que les autres du « bien commun », parce qu’il l’occupe, parce qu’il perçoit des loyers… Il est alors redevable d’une indemnité au profit des autres membres de l’indivision !

L’indivision : c’est partager…

L’indivision, c’est en effet partager avec d’autres (héritiers, conjoint…) des droits de même nature sur le même bien : une cohabitation contrainte en quelque sorte, où la manifestation des droits de chacun trouve sa limite dans l’expression des droits des autres indivisaires.

Comment traiter alors l’utilisation excessive par un des indivisaires de l’une des prérogatives de la propriété : l’usage du bien ?

FOCUS sur l’article 815-9 alinéa 2 du Code civil et de son application par les tribunaux. « L’indivisaire qui use ou jouit privativement de la chose indivise est, sauf convention contraire, redevable d’une indemnité. »

Mais quels sont les contours de ce principe ?

Un usage privatif et exclusif…

Seule l’impossibilité pour les autres indivisaires de jouir du bien indivis est susceptible de fonder un droit à indemnité. Ainsi, seule l’occupation privative du bien, l’obstruction manifeste à son utilisation ou encore une décision de justice fixant un droit d’utilisation exclusif au profit d’un époux sont susceptibles de générer le droit à indemnité.

…mais pas nécessairement effectif.

Une fois démontré l’usage privatif et exclusif par l’un des indivisaires, la circonstance que ce dernier n’utilise pas effectivement le bien n’est pas de nature à l’exonérer de l’indemnité d’occupation. Il appartient à celui qui est présumé user du bien de prouver de sa disponibilité pour tous.

Une indemnité d’occupation acquise à l’indivision…

Quelle indemnité pour quel bénéficiaire ? L’indemnité d’occupation devra obligatoirement être fixée en rapport avec la valeur locative du bien (généralement 80% de cette valeur locative). L’indivision dans son ensemble en est le bénéficiaire comme la contrepartie d’une perte de revenus qui profitent normalement à l’ensemble.

…mais soumise à prescription.

Dès lors qu’une demande de paiement d’une indemnité est officiellement formalisée, elle pourra porter également  sur les sommes dues au cours des 5 années précédant la demande au maximum. Il s’agit d’une prescription quinquennale (5 ans au-delà desquelles il n’est plus possible d’agir). A noter toutefois l’absence de prescription entre époux.

Thomas PLOTTIN, notaire

 

 

 

 

Vendre un bien détenu par un usufruit et un nu-propriétaire : comment sortir gagnant ?

Comment vendre un bien détenu par un usufruitier et un nu-propriétaire. On parle de démembrement de propriété.  Il existe plusieurs possibilités : par exemple, vendre ensemble ses droits respectifs, ou vendre uniquement l’usufruit ou la nue-propriété…Comment est réparti le prix de vente ? Peut-on reporter le prix de vente sur un autre bien…? Autant de questions auxquelles on vous répond.

Qu’est-ce que le démembrement de propriété ?

Le droit de propriété est défini par l’article 544 du Code civil comme « le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements ». Il comprend donc trois prérogative : le droit d’user de la chose (l’usus), le droit de jouir de la chose, d’en percevoir les fruits (le fructus) et le droit de disposer de cette chose, la vendre, la détruire, l’échanger (l’abusus). Ainsi, ces trois prérogatives constituant des droits distincts, la propriété peut donc être démembrée.

Dans quelles situations y-a-t-il démembrement de propriété ?

Le démembrement de propriété peut trouver naissance dans différentes origines. Le cas le plus fréquent est celui du bien provenant d’une succession. En effet, l’usufruit est souvent dévolu au conjoint survivant et la nue-propriété est partagée entre les enfants.

C’est également le cas lorsque le défunt a, par voie testamentaire, légué l’usufruit de droits sociaux lui appartenant. Le démembrement peut aussi provenir d’une donation qui crée le démembrement aux termes de laquelle le donateur transfère sa nue-propriété et conserve son usufruit toute sa vie durant ou jusqu’à un terme défini afin de continuer à utiliser le bien ou à percevoir les loyers.

Usufruit, nue-propriété : vendre l’un ou l’autre

En cas de vente du bien objet du démembrement, plusieurs hypothèses sont envisageables.

L’usufruitier et le nu-propriétaire peuvent très bien décider de vendre ensemble leurs droits respectifs sur le bien. C’est l’hypothèse sans doute la plus courante, il faudra alors répartir le prix de vente.

Cependant, les parties peuvent également décider de vendre distinctement leurs droits sur le bien. Le nu-propriétaire pourra alors vendre seul sa nue-propriété (l’usufruitier restant usufruitier du bien) ou c’est l’usufruitier qui décidera de céder seul son usufruit (et le nu-propriétaire restera alors titulaire de son droit sur le bien).

Un plein propriétaire peut enfin vendre la seule nue-propriété (il reste alors usufruitier du bien) ou le seul usufruit (il reste alors nu-propriétaire du bien).

Dans ces différentes hypothèses, qu’en est-il du devenir du prix de vente de ce bien démembré ? Comment répartit-on ce prix entre l’usufruitier et le nu propriétaire ?

Sort du prix de vente : le principe

En cas de vente d’un bien démembré, le sort du prix de vente est réglé par l’article 621 du Code civil, qui pose un principe à défaut de convention contraire entre l’usufruitier et le nu-propriétaire.

Ainsi, « en cas de vente simultanée de l’usufruit et de la nue-propriété d’un bien, le prix se répartit entre l’usufruit et la nue-propriété selon la valeur respective de chacun de ces droits, sauf accord des parties pour reporter l’usufruit sur le prix ».

Comment répartir le prix de vente : l’exemple

Le prix de cession du bien objet du démembrement est déterminé dans l’acte de vente et doit être réparti en pleine propriété entre l’usufruitier et le nu-propriétaire au prorata de la valeur des droits de chacun. Cette valeur est le plus souvent déterminée par application du barème de l’article 669 du Code général des impôts selon l’âge de l’usufruitier.

Ainsi, un usufruitier, âgé de soixante-quatorze ans, bénéficie d’un usufruit à 30 % selon le barème fiscal, et se verra donc attribuer 30 % du prix de vente du bien tandis que le nu-propriétaire recevra 70 % du prix. Précisons qu’il est possible de ne pas appliquer le barème fiscal afin de retenir une évaluation dite économique de l’usufruit, qui conduira souvent à majorer la valeur de celui-ci. Cette solution met fin aux avantages du démembrement dans la mesure où le nu-propriétaire ne bénéficie pas de l’extinction de l’usufruit au décès de l’usufruitier ; le nu-proprietaire pourra être amené à payer des droits de succession sur la quote-part du prix reçue par l’usufruitier si celui-ci ne la consomme pas avant son décès.

Répartition du prix entre l’usufruitier et le nu-propriétaire : autres alternatives

Il existe deux alternatives à la répartition du prix tel qu’évoqué ci-dessus. En effet, les parties peuvent décider de conserver les bienfaits du démembrement et de la reporter sur un nouveau bien. Elles peuvent aussi conclure une convention de quasi-usufruit

Le report du démembrement sur un nouveau bien : quel avantage ?

Après la cession d’un bien objet du démembrement, le souhait des parties peut être de reporter ce démembrement sur un autre bien (immobilier ou mobilier) qui sera lui-même démembré. Cette solution présente l’avantage de conserver les effets du démembrement tout en investissant dans un bien adapté aux objectifs de l’usufruitier et du nu-propriétaire.

Le report du démembrement du prix de cession d’un bien peut alors porter sur un bien locatif productif de revenus, sur un contrat de capitalisation, des droits sociaux, etc. Pour cela, le report devra être prévu dans l’acte de cession du bien.

Quasi-usufruit : profiter mais restituer…

Lors de la vente d’un bien démembré, le prix de cession dudit bien peut être payé entre les mains de l’usufruitier qui est alors libre d’en disposer comme il l’entend : on parle alors de quasi-usufruit. Dans cette hypothèse, l’usufruitier peut réaliser les investissements qu’il souhaite ou consommer le capital, à charge pour lui de le restituer à la n du quasi-usufruit.

Une créance de restitution doit donc être enregistrée et vient généralement s’imputer sur l’actif successoral de l’usufruitier. Cette créance de restitution constituera un passif de succession déductible de la masse successorale pour la liquidation des droits. Cependant, si l’actif de succession demeure insuffisant, le nu propriétaire n’aura aucun recours.

La convention de quasi-usufruit pour bien fixer les règles

Il est donc préférable pour le nu-propriétaire et le quasi-usufruitier de conclure, au moment où le quasi-usufruit s’ouvre, une convention de quasi-usufruit afin de régir leurs rapports.

La convention pourra prévoir la mise en place de garanties pour assurer le paiement de la créance de restitution à la n du quasi-usufruit. Elle pourra mettre en place une obligation de réinvestir les sommes dans un type de bien souhaité par les parties ou bien encore fixer une indexation de la créance.

Parlez-en à votre notaire !

En conclusion, la vente du bien démembré doit être l’occasion de requérir les conseils avertis de son notaire en fonction du but poursuivi par les vendeurs. Ce professionnel vous accompagnera dans la mise en place des solutions répondant à vos objectifs patrimoniaux de chacun d’entre vous.

Jessica DUMONT, notaire

 

 

Comment faire une procuration quand on vit à l’étranger ?

Votre enfant vit à l’étranger. Il peut signer un acte en France avec une procuration…mais après quelques formalités, plutôt complexes.

Noël approche et vous projetez de faire une donation à vos enfants. Problème : votre cadet s’est entiché d’une jeune écossaise au cours de ses études et il n’envisage pas de rentrer « pour si peu ».
Si vous voulez que votre projet familial aboutisse, il faudra convaincre Junior de faire établir, dans le pays où il se trouve, une procuration, dont la forme devra correspondre aux exigences de notre loi nationale.

Et c’est souvent là que le bât blesse, car tous les pays ne fonctionnent pas comme en France.

Depuis le 1er janvier 2019, tel que prévu par l’arrêté du 28 septembre 2018 portant abrogation de celui du 18 décembre 2017 et par l’arrêté du 17 décembre 2018, seuls les consulats de Dakar et d’Abidjan exercent encore des fonctions notariales et sont donc en mesure de recevoir des procurations authentiques.

Dans les autres pays, il convient de s’adresser aux notaires de droit civil, nommés par l’Etat, lorsqu’ils existent.

Votre rejeton devra alors s’adresser à un juriste local, après avoir fait préalablement traduire le modèle de procuration établi par le notaire français. Et ce n’est pas fini ! Dans certains cas, il faudra faire légaliser ou apostiller la procuration établie à l’étranger, pour qu’elle produise ses effets en France.

Notre conseil : Mieux vaut anticiper ce genre de situation car les délais peuvent être longs !

En savoir plus sur la procuration

L’entraide et la solidarité familiale : c’est obligatoire !

La solidarité familiale à travers l’obligation alimentaire.

Il est de plus en plus fréquent aujourd’hui que des parents logent un enfant bien après sa majorité. Le principe de l’obligation alimentaire consacre la solidarité familiale, l’obligation d’aider les membres de sa famille qui sont dans le besoin. Il s’agit d’une aide matérielle qui est due à un membre de sa famille proche qui n’est pas en mesure d’assurer sa subsistance.

Qu’est-ce que l’obligation alimentaire ?

Lorsqu’un enfant poursuit des études ou qu’il se trouve dans le besoin, ses parents peuvent continuer à l’héberger, voire mettre gratuitement à sa disposition un logement. Cela ne constitue que l’exécution d’une obligation légale, appelée obligation alimentaire. Cette obligation n’est pas seulement due par les parents. En effet, lorsqu’une personne ne peut subvenir par elle-même aux besoins les plus élémentaires de son existence, la loi met à la charge de certains de ses proches l’obligation de lui verser une pension alimentaire. L’exécution de cette obligation alimentaire peut prendre la forme d’un versement d’espèces. Mais elle peut également s’exécuter en nature (logement, nourriture, entretien etc…).

Qui sont les débiteurs de l’obligation alimentaire ?

Il existe plusieurs débiteurs de l’obligation alimentaire.

  • Les parents et les enfants. Cette obligation est réciproque, c’est-à-dire qu’elle est due tant par les parents aux enfants (même après la majorité de ces derniers), que par les enfants aux parents (articles 205 et 207 du Code civil).
  • Les gendres et belles-filles envers leur beau-père et belle-mère (article 206 du Code civil).   Elle cesse notamment en cas de divorce.
  • La succession de l’époux prédécédé envers le conjoint successible dans le besoin (article 767 du Code civil).
  • Le conjoint survivant envers les ascendants ordinaires du défunt (grands-parents ou arrières grands-parents), lorsque le défunt marié ne laisse ni descendants ni ascendants privilégiés, c’est-à-dire ses parents ou l’un d’eux (article 758 du Code civil).

Quelles sont les conditions de mise en oeuvre ?

Dans la plupart des cas, cette obligation s’exécute de manière naturelle, sans que son créancier n’ait à en demander l’exécution. Mais lorsque le débiteur de l’obligation est défaillant (ou lorsque les parents souhaiteraient par exemple voir leur enfant quitter le nid familial, comme dans le film d’Etienne Chatiliez, «Tanguy»), le créancier peut en demander l’exécution en justice. C’est alors au débiteur de démontrer son état de besoin et le juge détermine le montant et les modalités de paiement.

Aides publiques et obligation alimentaire

Il faut noter que les aides publiques présentent en principe un caractère subsidiaire par rapport à l’obligation alimentaire légale. Cela signifie que l’aide publique n’est allouée que
si la famille ne peut le faire. C’est notamment, mais pas seulement, ce qui explique que les tribunaux ont tendance à être de plus en plus saisis de demandes de versement de pension alimentaire.

Jérome QUENARD, notaire

Collégiens : comment trouver un stage de 3ème sans galérer ?

Apprendre à rédiger un CV, une lettre de motivation, un rapport de stage, découvrir le fonctionnement d’une entreprise, trouver des idées pour son futur métier… Le portail internet « monstagedetroisieme.fr » proposé par l’Office national d’information sur les enseignements et les professions (Onisep) met à la disposition de tous les élèves de 3ème les informations, conseils et ressources nécessaires à leur recherche d’un stage de découverte.

Le stage de 3ème : objectifs et aspects pratiques

Le stage est une séquence d’observation en milieu professionnel pour les élèves de 3ème.

Conventionné et non rétribué, il est obligatoire. Il se déroule durant l’année hors vacances scolaires sur une durée de 3 à 5 jours (consécutifs ou non).

Ce stage donne à l’élève l’occasion de découvrir le monde économique et professionnel en observant le fonctionnement d’une entreprise au quotidien. Il peut ainsi se confronter aux réalités concrètes du travail. Ce stage peut permettre de préciser son projet d’orientation.

Il se déroule dans les entreprises, les associations, les administrations, les établissements publics ou les collectivités territoriales, aux conditions prévues par le Code du travail.

Les élèves de moins de 14 ans effectuent leur stage uniquement dans des établissements publics ou des entreprises familiales.

Des infos utiles pour les collégiens

Sur le site Monstagedetroisieme.fr, les collégiens trouveront toutes les informations utiles dans la rubrique « Je trouve un stage » qui leur est dédiée.

Des infos utiles pour les entreprises

Une rubrique est également dédiée aux entreprises et administrations. Elles peuvent y déposent des offres de stage tout au long de l’année et prendre connaissance des modalités de l’accueil du collégien.

Des infos utiles pour les collèges

Une autre rubrique est destinée aux chefs d’établissement et enseignants qui accompagnent les élèves.

Découvrir les métier du notariat

Et si vous faisiez votre stage de 3ème dans un office notarial ? Découvrez tous les métiers que l’on peut exercer dans un office notarial.

Immobilier : acheter à deux, comment calculer les proportions d’acquisition ?

Achat à deux : comment retrouver ses petits !

Vous avez trouvé votre moitié, acheté votre logement sur un coup de cœur, emprunté à un taux très bas et fait des travaux. En cas de mésentente ou de décès, comment réussir votre partage ? Ne laissez pas la justice trancher à votre place ! Conseillons au mieux Carole et Christophe qui souhaitent acheter ensemble. Il faudra bien déterminer dès le départ les proportions d’achat dans l’acte de vente en fonction du financement de chacun.

Proportions d’achat : c’est essentiel ! L’amour ne doit pas rendre aveugle !

Le partage se prépare dès la signature de l’acte d’achat, rédigé par un notaire. Cet acte authentique de vente est garant de votre sécurité juridique.

Carole et Christophe seront propriétaires ensemble, à deux. C’est le principe de l’indivision. Il faut fixer le pourcentage de propriété de chacun (par exemple 1/4 v 3/4, 1/3 v 2/3 etc). A défaut ils possèderont le bien par parts égales.

Attention à bien faire fixer la proportion au financement réel de chacun ! Les bons comptes font les bons amis.

Et s’ils financent leur nid douillet par un prêt, comment faire ?

Ils seront engagés solidairement et indivisément vis-à-vis du banquier (ce dernier peut poursuivre l’un ou l’autre pour le tout). Ils peuvent aussi prévoir des contributions différentes (inopposables à la banque).

  • Prix d’achat ……………………. 120.000 € (avec 5.000 € de meubles)
    Frais de vente ……………………. 9.000 € env. (dont 6.300 € de taxes environ)
  • Frais de prêt ……………………….. 1.000 €
  • Commission d’agence ………. 7.000 €
  • Total à financer …………….. 137.000 €
  • Cet investissement sera financé par : – l’apport de Carole pour 27.000 €
  • le solde soit 110.000 € par un prêt sur 20 ans à un taux de 1%.

Carole et Christophe décident de rembourser le prêt chacun pour moitié.

Il faudra qu’ils respectent cette proportion ! Pas question pour Christophe de financer les courses et les frais des enfants et pour Carole de payer seule le prêt !

Le plus simple est d’ouvrir un compte commun qui sera alimenté chacun pour moitié.
Carole aura financé 27.000 € et 55.000 €, soit un total de 82.000 €, sa proportion est de 59,85% arrondie d’un commun accord à 60%. Christophe aura financé 55.000 €, sa proportion est de 40,14% arrondie d’un commun accord à 40%.

Nota : Ce calcul peut également tenir compte des intérêts qui vont être payés tout au long du remboursement du prêt et qui participe au coût global de l’achat de Carole et Christophe. Compte tenu du taux bas ci-dessus, nous n’en avons pas tenu compte.

En cas de séparation, que se passe-t-il ?

Carole peut racheter la part de Christophe ou l’inverse, l’indivision va cesser. Carole devra financer la totalité du prêt ou en faire un nouveau, car il faudra que Christophe soit libéré vis-à-vis du banquier. Si le bien immobilier est vendu, le prix sera partagé. Dans les deux cas, il faudra faire les comptes entre Carole et Christophe. On appliquera les proportions fixées entre eux ci-dessus. Sauf à ce que

  • Christophe ou Carole justifie avoir financé plus que sa quote-part et qu’il peut le prouver (attention aux époux mariés sous le régime de la séparation de biens…).
  • L’un d’entre eux justifie avoir financé des travaux ; il bénéficiera d’une créance.

Il faudra leur accord à tous les deux et le notaire en tiendra compte dans son partage. En cas de désaccord il faudra recourir au juge.

Et afin que nos acquéreurs se protègent en cas de décès, nous leur conseillerons de se renseigner auprès de leur notaire.

Stéphanie LELONG, notaire

Afin de vous accompagner dans votre projet immobilier, les notaires Drôme Isère Hautes-Alpes mettent à votre disposition un guide pratique « SPECIAL IMMOBILIER ».

Le notaire est acteur essentiel de votre projet immobilier. Professionnel du droit, il est le garant de votre sécurité juridique, de votre information la plus complète et de la bonne exécution de toutes les formalités qui entourent l’opération. Retrouvez toutes les informations utiles pour bien mener votre projet d’achat immobilier dans le « Guide pratique spécial immobilier » :

Télécharger ici le GUIDE PRATIQUE IMMOBILIER

Les diagnostics obligatoires en cas de vente ou de location immobilière

les diagnostics obligatoires pour le vente et la location

Vous souhaitez mettre en vente un bien immobilier et votre notaire vous demande le dossier de diagnostics techniques ?

Vous souhaitez mettre en location un bien immobilier et vous devez fournir à votre locataire un dossier de diagnostics techniques ?

En fonction de la nature du bien immobilier, de l’année de construction de l’immeuble ou de la région dans laquelle se situe le bien, les diagnostics à fournir sont différents.

Vous trouverez ci-après toutes les réponses à vos questions avec cette liste complète des diagnostics obligatoires en cas de vente ou de location.

La liste complète des diagnostics obligatoires en cas de vente ou location immobilière

  • A noter, depuis le 10 août 2020, en cas de vente d’un terrain non bâti constructible, le vendeur doit fournir une étude géotechnique préalable (une étude de sol).
Diagnostic Type de contrat Bien immobilier concerné Contenu du rapport / Elément à contrôler Validité
Certificat de surface habitable (loi Boutin) Location Bien immobilier non meublé loué pour la résidence principale d’un locataire Sont exclus de la surface habitable : les sous-sols, combles non aménagés, greniers, réserves, remises, terrasses, loggias, balcons, vérandas, volumes comportant au moins 60 % de parois vitrées pour les habitations collectives, et au moins 80 % de parois vitrées pour les habitations individuelles, locaux communs et dépendances des logements Illimité

(sauf si évolution du bien)

 

Base de calcul commune Surface habitable & Surface Carrez :

Surface de plancher construite après déduction des surfaces occupées par les murs, cloisons, marches et cages d’escaliers, gaines, embrasures de portes et fenêtres, et déduction faites des parties de locaux d’une hauteur inférieure à 1,80 mètre

Certificat de superficie (loi carrez) Vente Tous les lots de copropriété quel que soit l’usage (habitation, professionnel, commercial… )

*Les maisons hors copropriété ne sont pas concernées par la loi Carrez

Certificat à refaire lors de chaque vente
Sont compris dans la surface carrez : les sous-sols (autres que les caves, garages et parking) ainsi que les combles non aménagés, greniers, réserves, remises et vérandas d’une superficie supérieure à 8 m².
Plomb Location + Vente Biens immobiliers à usage d’habitation construits selon un permis antérieur au 1er janvier 1949 Peintures Illimité si constat négatif / Valable 1 an si constat positif
Amiante Vente

« Diagnostic amiante avant-vente »

Tous les biens immobiliers quel que soit l’usage (habitation, professionnel, commercial… ) + les annexes (caves, garages, abris, grange…) construits selon un permis antérieur au 1er juillet 1997. Le repérage porte sur les matériaux friables et non friables des listes A et B ( flocages, calorifugeages, faux-plafonds, revêtements de sols et de murs, descentes pluviales, couvertures… accessibles sans travaux destructifs), Illimitée sauf si présence d’amiante détectée nouveau contrôle dans les 3 ans
Location

« DAPP (Diagnostic amiante des parties privatives) »

Logements en copropriété uniquement.

Ce diagnostic doit être mis à disposition du locataire mais n’a pas à être annexé au contrat de bail.

Le repérage porte uniquement sur les matériaux dits friables de la liste A (flocages, calorifugeages, faux-plafonds) ;
Termites Vente Tous les biens immobiliers situés dans une zone délimitée par arrêté préfectoral. Immeubles bâti et terrains à bâtir 6 mois
Gaz Vente Biens immobiliers à usage d’habitation ayant une installation individuelle de plus + 15 ans Etat des appareils fixes et des tuyauteries

*Attention : L’installation doit être alimentée en gaz lors de la réalisation du diagnostic

3 ans
Location 6 ans
Performance énergétique

(DPE)

Vente Les immeubles équipés d’une installation de chauffage (Hors lieux de culte, monument historique, construction provisoire, bâtiments agricoles…) Consommation et émission de gaz à effet de serre

*Attention : le DPE établi pour la vente peut être

utilisé pour la location mais pas l’inverse.

10 ans
Location Tous les biens immobiliers à usage d’habitation
Electricité Vente Biens immobiliers à usage d’habitation ayant une installation de + de 15 ans

*Dispense de diagnostic si attestation de conformité de moins de 6 ans produite par un organisme agréé

Installation intérieure : de l’appareil de commande aux bornes d’alimentation 3 ans
Location 6 ans
Assainissement Vente Si immeuble d’habitation non raccordé au réseau public de collecte des eaux usées. Contrôle de l’installation existante 3 ans
Mérules Vente Si immeuble d’habitation dans une zone prévue par l’article L 133-8 du Code de la construction et de l’habitation Immeuble bâti 6 mois
Etat des risques et pollution (ERP) Location + Vente Tous les biens immobiliers quel que soit leur usage Indications sur la localisation du bien : en zone de sismicité ou/et dans une zone couverte par un plan de prévention des risques naturels, miniers et technologiques, information sur la pollution des sols et le risque radon. 6 mois

 

 

Clothilde DELPUECH, notaire

Les diagnostics obligatoires à fournir pour la vente d’un bien d’habitation

Les diagnostics obligatoires à réaliser lors de la vente d'un bien d'habitation

Emilie et Yanis, à l’approche de l’arrivée de leur premier enfant, ont décidé de vendre leur appartement devenu trop exigu pour s’acheter une maison. Ils aimeraient pouvoir signer rapidement la promesse de vente de leur appartement, mais leur notaire leur dit que ce n’est pas possible car il manque encore certaines pièces…dont certains diagnostics obligatoires.

L’information de l’acquéreur dès l’avant-contrat

L’information de l’acquéreur dès la signature de l’avant-contrat de vente est une condition indispensable à la validité de la transaction. Tout acquéreur d’un bien à usage d’habitation dispose d’un délai de rétractation/réflexion de dix jours qui, s’il n’est pas correctement purgé, pourrait lui permettre de revendiquer la nullité de la vente.

Pour sécuriser la vente, il faut donc que l’acquéreur ait en sa possession l’intégralité des pièces obligatoires prescrites par la loi, et plus généralement, l’ensemble des documents dont le contenu est déterminant pour son consentement.

La liste de ces pièces est différente selon le type de bien vendu.

Les pièces communes à toute vente de bien d’habitation

Le vendeur doit systématiquement fournir dès l’avant-contrat :

  • Etat civil complet : notamment pièce d’identité et contrat de mariage ; il en est de même pour l’acquéreur ;
  • Titre de propriété en intégralité ; une simple attestation de propriété n’est pas suffisante, car elle ne contient pas le détail de l’acte (conditions particulières en matière de servitude ou de fiscalité par exemple) ;
  • En cas de travaux importants sur le bien vendu : autorisations d’urbanisme et/ou de la copropriété le cas échéant et assurances des entreprises si les travaux ont moins de 10 ans. Attention, conservez bien toutes les factures de vos travaux, mêmes les plus anciennes. 
  • Pièces diverses : bail si le bien est loué, dernière taxe foncière, etc…
  • Dossier de diagnostics techniques : la loi impose un contrôle technique du bien avant sa vente. Le coût de ces documents est variable selon le diagnostiqueur.

Les diagnostics obligatoires

Destinés à améliorer l’information de l’acheteur, les diagnostics obligatoires sont nombreux.

Quels diagnostics obligatoires sont nécessaires pour vendre un bien immobilier ? 

Tout dépend du bien à vendre et de sa localisation.

  • Certains des diagnostics rassemblés dans le Dossier de diagnostic technique (DDT) concernent toutes les ventes de biens bâtis, comme le diagnostic de performance énergétique (DPE).
  • Ceux qui portent sur l’installation intérieure d’électricité et de gaz ne concernent que les habitations et les installations de plus de 15 ans.
  • Un diagnostic spécifique est exigé, dans une cinquantaine de départements dits « termités » (notamment dans le sud-ouest), dans des zones délimitées par arrêté préfectoral : il est nécessaire se renseigner en mairie ou en préfecture.
  • Un état des risques naturels, miniers et technologiques (ERNMT) est exigé dans les zones couvertes par un plan de prévention des risques et dans les zones où l’activité sismique est forte.
  • Les biens construits avant 1997 sont visés par les contrôles de l’amiante et ceux construits avant 1949 par le plomb.
  • Pour les maisons individuelles non raccordées au réseau public d’assainissement, un diagnostic supplémentaire est nécessaire.
  • Depuis le 10 août 2020, en cas de vente d’un terrain non bâti constructible, une étude géotechnique préalable (une étude de sol) doit être fournie par le vendeur.
  • D’autres informations peuvent être demandées : précisions sur la sécurité des piscines, la récupération des eaux de pluie, les détecteurs de fumée…

Le notaire vous aidera à vous y retrouver. N’hésitez pas à le contacter, même avant d’avoir trouvé un acquéreur, pour faire le point sur le dossier à constituer. Idéalement, il faudrait réunir les diagnostics obligatoires avant même la mise en vente du bien. En tout état de cause, le dossier devra être complet pour procéder à la signature de l’acte notarié.

A qui peut-on confier la réalisation des diagnostics obligatoires ? 

Les diagnostics, dont le coût est à la charge du vendeur, doivent être réalisés par un professionnel certifié et remplissant des conditions d’assurance. N’hésitez pas à en rencontrer plusieurs.

Pour l’assainissement non collectif, sauf en cas de délégation par la commune à un diagnostiqueur immobilier, le diagnostic est réalisé par les SPANC (Services publics d’assainissement non collectif).

L’ERNMT (état des risques) peut être établi par le propriétaire lui-même, à partir des informations obtenues en mairie (imprimé et informations sur le site http://www.prim.net).

Quelle est la durée de validité des diagnostics ?

La durée de validité des documents varie largement : ainsi le diagnostic amiante a une durée illimitée – sauf en cas de travaux ou de changement d’usage. Mais l’état parasitaire ou l’état des risques doivent dater de moins de six mois avant la promesse de vente. Les diagnostics sur les installations de gaz et d’électricité expirent au bout de trois ans,  le DPE (performance énergétique) au bout de dix ans…

L’information de l’acquéreur sur la copropriété pour les ventes en copropriété

L’information reçue avant l’achat d’un lot de copropriété est de plus en plus complète. Encore faut-il la décrypter. 

Quelles sont les obligations liées à l’information de l’acquéreur lors de la vente d’un bien immobilier en copropriété ? 

La Loi Alur du 24 mars 2014 a renforcé l’information de l’acquéreur d’un lot de copropriété. De nombreux documents doivent être annexés à l’avant-contrat (compromis ou promesse de vente) ou remis à l’acquéreur : Le règlement de copropriété et ses modificatifs éventuels, y compris s’ils ne concernent pas le lot vendu.  Le carnet d’entretien, qui rappelle notamment l’historique des travaux effectués dans la copropriété ; Diverses informations comptables sur les charges et travaux en cours, l’éventuel fonds de roulement, la dette du syndicat vis à vis des fournisseurs et l’état des impayés dans la copropriété (le tout compilé dans le « pré état daté »). Et les 3 derniers PV d’assemblées générales.

Le vendeur peut demander la liste des pièces à réunir au notaire. A noter que les coûts liés à la délivrance des documents sont à sa charge et sont facturés par les syndics. Soyez vigilant lorsque vous votez le contrat de syndic aux assemblées !

En quoi ces documents sont-ils utiles à l’acquéreur ?

Ces documents constituent une mine d’informations. Pour les décrypter, il est possible de faire appel au notaire, qui pourra donner toutes les explications nécessaires.

Ainsi, pour valider son budget lors de l’achat d’un lot de copropriété, il est essentiel de connaître le montant exact des charges annuelles correspondant à la quote-part dudit lot, de même que les travaux (ravalement, étanchéité…) prévus ou en cours dans les parties communes. Si des appels de fonds sont prévus pour des travaux importants, le syndic les fera  auprès du copropriétaire acquéreur s’ils sont postérieurs à la vente. Cependant, vendeur et acquéreur peuvent se mettre d’accord pour les mettre à la charge du vendeur  par une clause dans l’avant contrat ou dans l’acte de vente.

Avant de se lancer, l’acquéreur se fera une idée précise de l’état de la copropriété et des travaux à prévoir grâce au carnet d’entretien et aux procès-verbaux d’assemblée générale. Il doit également s’enquérir de la santé financière de la copropriété, qui peut souffrir de la présence de mauvais payeurs. Enfin, l’ambiance de la copropriété transparaît également des PV d’assemblée générale…

Peut-on avoir de mauvaises surprises ?

Le notaire découvre parfois, par exemple, que l’annexion d’un pallier ou de combles par le propriétaire vendeur (ou l’un de ces prédécesseurs) n’a pas été officialisée et n’apparaît pas dans l’état descriptif de division, ou encore qu’un changement de destination (bureaux devenus logement…) n’a pas été soumis au vote de  l’assemblée des copropriétaires.

Ce type de désagrément est plus fréquent qu’on ne le pense et peut compliquer considérablement la vente. Dans une telle situation, le notaire sera en première ligne pour résoudre cette situation juridique complexe.

Assurance vie : placement avantageux mais avec des limites !

ASSURANCE VIE : CE QUE L’ON SAIT MOINS !

L’assurance-vie est souvent décrite comme le placement préféré des Français. Cela s’explique notamment par la fiscalité favorable au décès qui prévoit que le capital issu des primes versées avant 70 ans est exonéré de taxes à hauteur de 152.500 € par bénéficiaire, peu importe le lien de parenté entre ce dernier et le souscripteur.

Les Français y voient donc un bon moyen de transmettre une partie de leurs économies à moindre coût, notamment lorsque le bénéficiaire sera, par exemple, un concubin qui serait très lourdement taxé s’il héritait d’une somme d’argent équivalente par testament. Néanmoins, ce placement doit être manipulé avec précaution. 

Une fiscalité moins intéressante pour les primes versées après 70 ans

Pour le capital provenant des primes versées après 70 ans, l’exonération de taxes n’est plus que de 30.500 € pour l’ensemble des contrats et non par bénéficiaire. Tout ce qui dépassera cette somme sera soumis aux droits de succession classiques.

Le droit de regard des enfants en présence de primes excessives

Certains voient en l’assurance-vie un moyen de déshériter ses enfants. Néanmoins, ces derniers pourront agir en justice pour demander à ce que les primes versées sur le contrat litigieux soient réintégrées à la succession, s’ils rapportent la preuve de leur caractère manifestement exagéré. Cette notion s’apprécie au moment de chaque versement en fonction de l’âge et de la situation familiale et patrimoniale du souscripteur.

L’absence de représentation

Contrairement à ce qui est applicable en matière de successions dans lesquelles existe le mécanisme de la représentation d’une personne prédécédée, le régime de l’assurance-vie ne le prévoit pas. Cela signifie par exemple que si vous ne prévoyez qu’un bénéficiaire unique et que celui-ci décède, le contrat n’est pas transmis aux descendants du bénéficiaire ; le contrat retombera dans votre succession.

La requalification en donation indirecte

Le bénéfice d’un contrat d’assurance-vie peut être requalifié en donation indirecte. Cela peut être le cas, par exemple, d’une personne se sachant condamnée à court terme qui utilise ce placement quelques jours avant son décès afin que ses proches échappent aux droits de succession. Cette requalification pourra être lourde de conséquences, telles que redressement fiscal, récupération d’aides sociales…

L’acception par le bénéficiaire du vivant du souscripteur

Si le bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie accepte celui-ci alors que le souscripteur

est toujours vivant, cela empêche ensuite le titulaire du contrat de changer librement de bénéficiaire. Un retrait de sommes sur ce contrat devra alors être autorisé au préalable par le bénéficiaire.

Un droit d’option distinct de celui de la succession

Etre héritier ou bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie sont deux vocations distinctes : il est ainsi possible d’accepter l’une et de renoncer à l’autre.

L’utilité de la renonciation par le bénéficiaire

Sous réserve que la clause bénéficiaire prévoit un ou plusieurs bénéficiaires secondaires (par exemple « mon conjoint, à défaut mes enfants »), il est possible pour le bénéficiaire initial (dans l’exemple le conjoint) de renoncer au bénéfice du contrat d’assurance-vie. Cela va permettre aux autres bénéficiaires (dans l’exemple les enfants) de percevoir directement les capitaux.

Delphine GRANGEON, notaire

Copropriété : usage privatif d’une partie commune, une liberté réglementée !

DROIT DE JOUISSANCE EXCLUSIVE SUR PARTIES COMMUNES

Il est fréquent de voir certains lots de copropriété bénéficier d’un droit de jouissance exclusive sur un jardin, un balcon ou une terrasse. Comme son nom l’indique, le droit jouissance exclusive permet à son titulaire d’utiliser privativement une partie commune. Toutefois, cette qualification hybride a plusieurs conséquences.

Copropriété et usage exclusif des parties communes

En principe, les parties communes ont un usage collectif et chaque copropriétaire peut les utiliser et y circuler librement. Dans certains cas, un droit de jouissance exclusif de certaines parties communes peut être attribué à un ou plusieurs copropriétaires, notamment lorsqu’ils sont les seuls à y avoir accès.

En pratique, ce droit d’usage privatif concerne certaines parties communes attenantes à un lot de copropriété, notamment les balcons, terrasses, jardins, cours, combles, couloirs. Le droit de jouissance exclusif d’une partie commune doit être prévu soit au sein du règlement de copropriété, soit par une décision prise en assemblée générale à la double majorité de l’article 26.

Le droit de jouissance ainsi défini peut être soit attribué nominativement à un copropriétaire (le droit de jouissance est alors personnel et ne peut pas être transmis), soit rattaché à un lot (le droit est permanent et transmis avec le lot en cas de vente, décès ou succession).

Concession du droit de jouissance exclusive

Ce droit peut être accordé par le règlement de copropriété ou par les autres copropriétaires lors d’un vote en assemblée générale. Lorsqu’il n’a pas été prévu par le règlement de copropriété, le droit de jouissance exclusive peut être concédé par une décision de l’assemblée générale des copropriétaires, qui devra être prise à la majorité en nombre des copropriétaires représentant au moins les 2/3 des voix, voire à l’unanimité, notamment s’il est concédé à titre gratuit.

Le titulaire du droit de jouissance n’est pas le propriétaire

Le droit de jouissance exclusif d’une partie commune n’est pas un droit de propriété. Il s’agit d’un simple droit d’usage privatif qui peut être temporaire ou permanent, rattaché à un lot ou à un copropriétaire.

Le titulaire du droit de jouissance n’étant pas propriétaire de la partie commune qui en est grevée, par exemple, en cas d’expropriation d’un terrain soumis à un droit de jouissance exclusive, c’est le syndicat des copropriétaires qui encaissera l’indemnité d’expropriation. Il n’est pas non plus possible de vendre un droit de jouissance exclusif indépendamment du lot de copropriété dont il est l’accessoire.

Le copropriétaire ne peut pas construire

Dans le même ordre d’idée, un copropriétaire ne dispose pas du droit de construire (une piscine, une véranda etc…) sur la partie commune dont il a la jouissance exclusive, sauf s’il a obtenu une autorisation de l’assemblée générale des copropriétaires.

A défaut, la sanction est la démolition de la construction et la remise des lieux dans leur état antérieur.

Travaux et entretien

La jouissance exclusive de la partie commune doit être conforme à l’usage de l’immeuble. Dès lors, certains petits aménagements sont possibles sans autorisation.

En revanche, la réalisation de travaux nécessite toujours l’accord des autres copropriétaires. Le règlement de copropriété peut mettre à la charge du titulaire du droit de jouissance exclusive, des frais d’entretien spécifiques. En revanche, les dépenses relatives au gros-oeuvre de l’immeuble (travaux d’étanchéité pour une toiture terrasse à usage privatif par exemple) sont supportées par l’ensemble des copropriétaires.

Un copropriétaire doit supporter les travaux qui auraient été décidés par l’assemblée générale des copropriétaires sans pouvoir s’y opposer.

Les réparations et l’entretien courant de la partie commune grevée d’une jouissance exclusive, par exemple, l’élagage des arbres ou l’entretien d’une cour, incombe à son titulaire.

Le copropriétaire ne peut pas transformer

En outre, le titulaire d’un droit de jouissance exclusive doit en user conformément à sa destination, c’est-à-dire qu’il ne peut pas en transformer sa nature. Ainsi, un jardin ne pourrait pas être transformé en parking. De même, l’usage qui en est fait doit respecter les droits des autres copropriétaires et ne pas leur causer de préjudice. Par exemple, il a pu être décidé qu’un copropriétaire ne peut pas aménager un jardin dont il a la jouissance exclusive comme accès à son cabinet médical.

Remise en cause ou litige

La remise en cause d’un droit de jouissance exclusif est impossible sans l’accord de son bénéficiaire.

En cas de litige, le juge détermine les conditions d’usage privatif de cette partie commune au cas par cas.

Jérome QUENARD, Amélie URSO MEHDIB, notaires