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Animal de compagnie, lingot d’or, bitcoin…succession avec un bien atypique, comment faire ?

Lingot d’or, toutou, bitcoin…Drôle de succession !

Lingot d’or ou crypto-monnaie, chien ou bateau,…dans la succession. Un héritage peut révéler l’existence de certains biens qui méritent d’être regardés de plus près lors du règlement de la succession. 

Oups ! Que faire du fusil de Papy ?

Nous avons trouvé le fusil du grand-père chasseur bien caché dans son armoire, derrière ses maillots de corps … Le régime des armes à feux étant très encadré, il convient d’être prudent.

L’héritier doit faire constater par un armurier l’existence de ce fusil. S’il souhaite le conserver, il devra fournir divers documents à l’armurier : imprimé CERFA, permis de chasse ou licence de tir ou carte de collectionneur, ou à défaut un certificat médical.

Si cette arme ne trouve pas de repreneur parmi les héritiers, il conviendra alors de la vendre, la neutraliser ou la détruire, le tout bien sûr en respectant la règlementation.

Chouette des lingots d’or sous le matelas !

Une fois la belle surprise passée, il conviendra de les déclarer au notaire en charge de la succession et ensuite de les faire estimer.

Simba le chat figure dans le testament de la grand-tante !

Même si le régime des animaux a grandement évolué depuis la loi du 16 février 2015 en faisant de nos compagnons adorés des « êtres vivants doués de sensibilité », ils restent néanmoins soumis au régime des biens meubles. N’ayant pas la personnalité juridique, ils ne peuvent donc pas hériter directement. La solution consiste à léguer des biens (argent ou autre), à une personne déterminée à charge pour elle de s’occuper de l’animal sa vie durant.

Toute comparaison avec Choupette la chatte de Karl Lagerfield serait purement fortuite ! A défaut d’indication précise du défunt, l’animal est transmis à ses héritiers, à charge pour eux de s’en occuper. Le notaire peut se trouver face à des situations cocasses, telles que l’existence de lamas, sans héritier connu dans la succession, et dont il faut pourtant s’occuper rapidement ! Dans ce cas, les associations protectrices des animaux nous apportent une grande aide.

Le bateau et la place au port

La présence d’un bateau sera traitée de la même manière qu’un véhicule. Il sera valorisé et soumis à la fiscalité des droits de succession. En revanche la question de la transmission de l’anneau d’amarrage est plus délicate, car il n’est pas possible d’en être propriétaire. La jouissance de cet anneau se fera par la détention de droits sociaux avec une société concessionnaire de l’exploitation du port. Ces actions doivent alors faire l’objet d’une estimation et doivent être déclarées dans l’actif successoral.

Les crypto-monnaies

Finies les économies sonnantes et trébuchantes cachées sous le matelas, elles sont désormais silencieuses placées sous un matelas numérique…

Les monnaies virtuelles sont des monnaies numériques émises et échangées sur internet. Une des plus connue est le bitcoin créé en 2009.

L’achat et la revente des crypto-monnaies ne s’effectuent pas sur un marché réglementé mais sur des plateformes internet. Bien qu’il ne s’agisse pas de monnaies ayant un cours légal, l’administration fiscale vise expressément les unités de compte virtuelles stockées sur un support électronique qui sont soumises aux droits de succession.

Cécile SEIGNOVERT, notaire

Pourquoi et comment refuser une succession ?

Refuser une succession : pourquoi, comment ?

Plusieurs raisons peuvent amener des héritiers à refuser une succession : la succession est déficitaire ou alors l’héritier souhaite renoncer au profit de l’un de ses propres descendants (par exemple son enfant…). Pourquoi et comment renoncer à une succession ?

1) Qu’est-ce que l’option successorale ?

Dans tout dossier de succession, l’une des premières choses abordées est la consistance du patrimoine. Et de là va découler l’option successorale.

C’est le choix que tout héritier a dans la succession. Cette option peut être de trois ordres :

Accepter purement simplement la succession. Dans ce cas, l’héritier sera tenu des dettes du défunt et ce peu importe qu’elles dépassent l’actif de succession.

Accepter à concurrence de l’actif net : l’héritier sera tenu des dettes à concurrence seulement de l’actif de succession.

Renoncer à la succession. C’est cette troisième option que nous allons développer.

2) Pourquoi renoncer à une succession ?

On peut être amené à renoncer à une succession dans deux hypothèses très différentes l’une de l’autre.

Premier cas : la succession est déficitaire

La succession est déficitaire ou comporte beaucoup de passif à régler. Il arrive parfois que le défunt laisse beaucoup de passif, voire même plus de passif que d’actif. C’est le cas notamment lorsque l’héritier avait contracté un prêt sans assurance décès, ou avait bénéficié d’aides sociales de son vivant (par exemple allocation de solidarité aux personnes âgées, aide sociale à domicile, prestation spécifique de dépendance…).

A son décès, certaines de ces aides sont récupérables, c’est-à-dire que les héritiers doivent les rembourser.

Second cas : renoncer au profit d’un autre héritier

L’héritier ne souhaite pas bénéficier de la succession, il veut en faire profiter directement ses propres descendants. Il est possible dans ce cas de « sauter une génération ».

Gare cependant aux incidences fiscales de ce choix.

3) Quand renoncer à une succession ?

Attention car la renonciation ne se présume pas !

Vous avez un délai minimal de 4 mois à compter du décès pour exprimer votre choix. Passé le délai de 4 mois, et sans décision de votre part, vous pouvez être contraints par les créanciers du défunt ou les autres héritiers de vous positionner.

Et là encore si vous gardez le silence, vous serez réputé avoir accepté la succession !

Ce n’est que passé un délai maximal de 10 ans et si personne ne vous a mis en demeure de vous décider, que vous serez considéré comme renonçant.

4) Comment renoncer à une succession ?

Pour renoncer, rien de plus simple !
Vous avez le choix d’adresser votre déclaration de renonciation du tribunal d’instance du lieu d’ouverture de la succession (imprimé Cerfa disponible sur le site www.service-public.fr) ou de faire votre déclaration devant notaire (le coût est de l’ordre de 300 € environ tout compris).

En résumé : avant de choisir, consultez votre notaire.

Géraldine THOMANN-ROUSSET, Aurélie BOUVIER, notaires

Succession : les aides sociales sont-elles récupérables ?

Les aides sociales récupérables lors de la succession

Pour éviter les mauvaises surprises, zoom sur les aides sociales récupérables ou non par l’Etat lors du décès du défunt. Sous réserve du respect des conditions d’attribution et de ressources liées respectivement à chacune d’elles, les aidés peuvent bénéficier de diverses aides sociales ayant vocation à améliorer leur vie quotidienne, qu’elles soient relatives à leur logement, leurs repas ou leur santé. Les aides sociales sont qualifiées de « non contributives » en ce qu’elles sont versées sans cotisations préalables et doivent ainsi exclusivement soutenir les personnes les plus vulnérables. Les collectivités et les organismes qui les distribuent font preuve d’une vigilance accrue quant à leur récupération, dès que celle-ci s’avère du moins possible et juridiquement justifiée.

Les aides compensatrices ne sont pas récupérables.

Le principe général est que les aides sociales apportant une « compensation », face à une situation défavorable dont souffre l’aidé, ne sont pas récupérables. Il s’agit essentiellement des aides suivantes :

  • la plupart des aides aux personnes handicapées : la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), l’Allocation Adulte Handicapée (AAH), l’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP), et les frais d’hébergement en maisons d’accueil spécialisées ;
  • la plupart des aides aux personnes dépendantes : l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), l’aide ménagère des caisses de retraite, allocation logement de la CAF.

Les aides récupérables concernent les avances

A l’inverse, les aides sociales considérées comme constituant des « avances » financières qui améliorent la vie courante de l’aidé, peuvent être récupérées. Il s’agit essentiellement des aides suivantes : les aides à domicile versées par les départements (repas, aide ménagère à domicile), les Aides Sociales à l’Hébergement (ASH), l’Allocation de Solidarité accordée aux Personnes Agées (ASPA), la Prestation Spécifique Dépendance (PSD), l’Allocation de Solidarité aux Invalides (ASI).

Bon à savoir : Cela dit, si l’aidé a dépensé la totalité des sommes perçues ou, à l’inverse, les a épargnées sur des supports financiers insaisissables (de type assurance-vie), leur restitution sera d’autant plus difficile. Pour autant, les pouvoirs d’investigation et d’action du Conseil Départemental ou des Caisses de Retraite sont particulièrement aiguisés, et des inscriptions hypothécaires peuvent être prises à titre de garantie sur l’ensemble des biens et droits immobiliers identifiés dans l’attente de leur vente ou de leur saisie.

Amélie URSO MEHIDEB, notaire

Comment rédiger son testament ?

savoir rédiger son testament

Rédiger son testament est une épreuve délicate pour laquelle il est bien de se munir de différentes précautions. En effet, il est important de le rédiger dans les règles de l’art et de respecter scrupuleusement ses conditions de validité.

La rédaction du testament 

Pour être valable, il est important que le testament remplisse des conditions de validité. Il doit être écrit de la main du testateur, être daté et signé par ce dernier. Ces conditions sont d’une grande importance puisque le testament olographe est susceptible d’être frappé de nullité s’il est antidaté, s’il n’est pas écrit de la main du testateur c’est-à-dire avec l’intervention d’une autre personne. En effet, il n’est pas possible d’utiliser des procédés mécaniques d’écriture comme un ordinateur ou une machine à écrire.

S’il n’existe pas de style ou de ton particulier pour rédiger ses dernières volontés, il est très important d’être le plus précis possible, en mentionnant formellement les noms et prénoms des bénéficiaires, dates de naissance et leurs éventuels liens de parenté, en identifiant les biens légués afin que le testament ne soit pas sujet à interprétation. En effet, en cas d’omission d’un nom de famille, le bénéficiaire pourrait bien ne jamais entrer en possession de son legs ! De la même manière, les ratures, surcharges ou collages constituent aussi des motifs de nullité. Dans ce cas, il est donc conseillé de refaire un nouveau testament, en veillant à détruire le précédent. En cas de maladie vous empêchant de rédiger vous-même le testament, il est possible d’avoir recours à un notaire qui vous proposera d’opter pour un testament authentique. Parce qu’il contient des dispositions de dernières volontés qui sont personnelles à son auteur, le testament ne peut être conjoint. C’est pour toutes ces raisons que s’octroyer les conseils d’un notaire permet de s’assurer de la pleine efficacité de son testament. Celui-ci ayant pour mission de vous orienter dans sa rédaction et de s’assurer de sa conservation !

Rédiger son testament : l‘adaptation du testament au fil de la vie

Le temps passe, les envies évoluent et le patrimoine aussi ! Il est important de mettre en conformité son testament avec la réalité de son patrimoine pour tenir compte des ventes et des modifications survenues ultérieurement à sa rédaction.

Afin de modifier ou de compléter celui-ci, il est conseillé de le réécrire entièrement en prenant soin d’annuler expressément l’ancien ou bien de rédiger un additif appelé codicille, qui sera également daté et signé de votre main.

A lire également : les solutions pour sortir d’un conflit lors d’une succession

Rédiger son testament : les formes du testament

Le testament authentique est un acte réalisé devant un notaire et deux témoins ou devant deux notaires, lequel est rédigé par le notaire retranscrivant la volonté du testateur.

Le testament olographe est la forme la plus courante de testament puisqu’il est à la portée de tous, ne nécessitant aucune intervention extérieure. Il est gratuit et peut être rédigé sur papier libre, recopié à partir d’un modèle ou même sous forme de lettre, au crayon ou à l’encre, en français ou en langue étrangère.

La conservation du testament

Le testament olographe n’a pas à être obligatoirement enregistré et peut être conservé par le testateur ou par toute autre personne à qui le testateur l’aurait confié. Encore faut-il le conserver en lieu sûr ! En effet, garder chez soi son testament olographe soulève plusieurs inconvénients. Trop précieusement caché, il peut ne pas être retrouvé avant le règlement de la succession. Laissé à la vue de tous, il risque d’être découvert et détruit par un des héritiers évincé ou qui serait en total désaccord avec le document. De même, s’il est retrouvé tardivement (après le règlement de la succession), il faudrait alors revoir toute la liquidation de la succession pour en tenir compte.

La solution la plus sûre reste de toute évidence de le confier à son notaire qui non seulement en assurera la conservation au coffre mais prendra préalablement le soin de l’inscrire au fichier central des dispositions de dernières volontés. Si vous optez pour le testament authentique, le notaire l’inscrira au fichier sans que vous ayez à le lui demander. Ainsi, au décès, n’importe quel notaire de France qui consulte le fichier aura connaissance qu’un testament a été rédigé par le défunt et le nom du notaire qui en est dépositaire. A noter que le fichier des testaments est totalement sécurisé. Il peut être consulté uniquement par le testateur de son vivant et les notaires. La discrétion est absolue, le contenu du testament n’est jamais communiqué au fichier.

Jessica DUMONT, notaire

Donation… Faisons le point !

donation, faisons le point

Soutenir un proche dans la difficulté, aider un enfant à démarrer dans la vie, offrir un cadeu, partager une somme d’argent,…Au-delà des dons réalisés à l’occasion d’un anniversaire, d’un mariage, les questions ne  manquent pas. Le montant est-il adapté à notre situation ? Comment procéder ? Quelle sera la fiscalité ?

Toutes les façons de donner ne se valent pas. Selon que l’on souhaite respecter l’égalité entre ses enfants, que l’on désire aider l’un d’entre eux quand il en a besoin ou que l’on envisage d’associer plusieurs générations autour d’un projet commun et patrimonial, les techniques juridiques à utiliser ne seront pas les mêmes.

Donner oui, mais comment ?

Une donation est un acte par lequel une personne « dispose à titre gratuit » d’un bien au profit d’une autre et ceci doit également être formellement accepté.

► Le donataire :

Le bénéficiaire peut être toute personne, héritier du donateur ou non.

Or, seule une personne majeure dispose de la capacité juridique pour accepter une donation.

Enfants mineurs – Si des parents ou des grands-parents souhaitent gratifier un enfant mineur, c’est possible, mais il sera nécessaire que son représentant légal accepte la donation.

Le terme de « représentant légal » a ici une acception assez large et va au-delà des tuteurs ou administrateurs légaux pour s’étendre à tous les ascendants de l’enfant.

Majeurs protégés – Rien n’interdit de faire bénéficier un majeur sous tutelle d’une libéralité. Mais l’intervention du tuteur est requise pour accepter une donation qui ne peut être grevée d’aucune obligation.

Un majeur sous curatelle peut accepter seul une donation, l’assistance de son curateur n’étant nécessaire que si elle est grevée d’obligations.

Incapacité à recevoir- Certaines personnes sont particulièrement désireuses de « laisser quelque chose » à un tiers qui les a aidées dans des moments difficiles.

Rien ne s’y oppose évidemment sauf… s’il s’agit de professionnels leur ayant dispensé des soins pendant leur maladie, qu’ils appartiennent au corps médical (médecins, chirurgiens, pharmaciens, infirmiers, etc.) ou à un culte (prêtres, pasteurs, rabbins, imams). Dans cette situation, pour éviter toute contestation, il est préférable d’orienter ses dons vers une fondation cultuelle ou soutenant la recherche médicale. Cet interdit s’applique aussi en principe aux mandataires judiciaires à la protection des majeurs.

► Attribuer dans quelle mesure et sous quelle forme ?

♦ L’objet de la donation peut porter sur un bien en pleine propriété ou démembré.

Peut-on tout donner ? Dans quelle limite ?
Tout donner, c’est possible. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’il ne faut pas se dépouiller au point de ne plus pouvoir subvenir à ses besoins futurs. Surtout, il ne faut pas oublier que la liberté de donner est limitée par la « réserve héréditaire » de ses enfants.

Or celle- ci ne sera déterminée qu’après le décès du donateur.

Il reste possible de déroger à cette règle de la réserve en proposant à tous ses enfants de s’engager dans une renonciation anticipée à agir en réduction, qui peut être utilisé dans certaines configurations familiales particulières (par exemple enfant handicapé).

Entre le billet que l’on glisse discrètement dans la main d’un neveu et la donation notariée, la forme du don n’a rien d’anodin.

Le don manuel : Il représente la forme la plus simple et comme son nom l’indique, il peut être utilisé chaque fois que l’on peut donner « de la main à la main » : un meuble, une voiture, un tableau, une somme d’argent. Il s’étend aussi aux virements et au transfert de valeurs mobilières.

En revanche, il est exclu pour les biens immobiliers.

Il faut prendre la mesure de la portée de cet engagement. L’éventualité que le geste généreux soit découvert peut être mal interprété au moment de la succession du donateur.

La prudence commande le support notarié.

La donation notariée : C’est la donation par excellence : le notaire se charge de rédiger l’acte, d’informer le donateur de la portée de son acte, de le conseiller sur les modalités de la donation en fonction de la configuration familiale, de contrôler les abattements et exonérations possibles, de recueillir l’accord des donataires, de vérifier le transfert de propriété des biens donnés, de régler les droits, etc…

S’il paraît logique d’aider ses enfants au moment où ils en ont besoin, ces gestes désintéressés réalisés individuellement peuvent avoir des effets pervers.

Ce sera le cas si la valorisation des biens donnés ou acquis avec les sommes données évolue différemment et que, lors de l’ouverture de la succession du donateur, de grandes disparités se font jour.

Le double intérêt de la donation-partage permet aux parents de préparer la répartition de leur patrimoine en toute clarté et de rassembler leurs enfants. Elle fige les valeurs données à leur valeur déclarée au jour de l’acte.

Optimisation : comment procéder ?

► Aspect fiscal :

Le législateur a mis en place plusieurs dispositifs d’allégement des droits de donations, avec pour objectif de favoriser la circulation des patrimoines entre générations.

Un donataire bénéficie en principe d’un abattement avant de régler des droits de donation.

Autre aspect dont il faut tenir compte, le délai de rappel fiscal des donations est de 15 ans.

Cela signifie que, avant d’appliquer l’abattement pour calculer les droits de mutation exigibles, l’administration fiscale rapporte toutes les donations effectuées au cours des quinze années précédentes.

Ci-dessous, un tableau récapitulatif :

  • Bénéficiaire concerné Montant de l’abattement
  • Epoux, épouse ou partenaire d’un PACS 80.724 €
  • Ascendant ou enfant 100.000 €
  • Petits-enfants 31.865 €
  • Arrière petits-enfants 5.310 €
  • Frère ou soeur 15.932 €
  • Neveu ou nièce 7.967 €
  • Personne handicapée (abattement se cumulant avec ceux applicables selon degré de parenté) 159.325 €
  • Parent au-delà du 4ème degré de parenté 1.594 €

►Utiliser le démembrement de propriété

L’objet de la donation peut porter sur un bien en pleine propriété ou démembré.

Pleine propriété. Un bien donné en pleine propriété appartient en totalité et sans réserve à celui qui le reçoit, qu’il s’agisse d’argent, d’un meuble, d’un tableau, de parts de société, d’un logement, etc…

Démembrement de propriété. Le droit de propriété se compose de la nue-propriété (la disposition du bien) et de l’usufruit (l’usage et la perception des revenus générés par le bien). Il est possible de répartir ces deux droits entre l’usufruitier (en général les parents donateurs) et les nus propriétaires (les enfants donataires).

Au décès de l’usufruitier, la loi prévoit que l’usufruit rejoint la nue-propriété, sans taxation : les enfants deviennent alors propriétaires à part entière du bien. Ce principe peut s’appliquer aux biens immobiliers, aux portefeuilles de valeurs mobilières (dont les parents continuent à percevoir les intérêts et dividendes), etc.

Pourquoi donner la nue-propriété d’un bien ? D’une part, pour continuer à bénéficier de la gestion, de l’occupation ou des fruits de son patrimoine. D’autre part, pour transmettre ses biens à moindre coût.

Outre l’avantage de donner par étapes sans se dépouiller des pouvoirs de gestion et des revenus procurés par le bien, une donation démembrée présente un intérêt fiscal : l’assiette taxable est réduite à la seule valeur du droit démembré transmis, calculée selon un barème légal. Il y aura donc une diminution du montant des droits de donation voire une exonération si l’assiette taxable demeure plus faible que les abattements.

EXEMPLE : Un couple veut transmettre sa maison à leurs deux enfants. Ils se demandent ce qui est le plus avantageux fiscalement ?

La donation est nettement plus profitable qu’une succession, la taxation étant inférieure. Les droits de donation ne se calculent pas sur la pleine propriété (valeur totale du bien) mais seulement sur la nue-propriété (es murs) transmise aux enfants. L’usufruit (la jouissance du bien) demeure et reste propriété du donateur jusqu’à sa mort. La valeur de la nue-propriété dépend de l’âge du donateur. Quant aux enfants, ils profitent d’un abattement de 100 000 €, et ce tous les quinze ans. Dans l’hypothèse où la pleine propriété est évaluée à 400 000 €, les deux parents ayant moins de 81 ans, la nue-propriété représente 70 %, soit 280 000 €.

Afin de bénéficier deux fois de l’abattement de 100 000 €, ils ont intérêt à se partager la donation aux enfants. Ainsi, chacun recevra 70 000 €, soit un quart de la nue-propriété.

Lors du décès de leurs parents, les enfants hériteront — sans taxe — de l’usufruit de la maison. 

Caroline LABERTRANDIE, notaire

 

Héritier éloigné… Comment payer les droits de succession ?

héritier éloigné

C’est bien connu les impôts sur les successions en France sont souvent lourds surtout quand le lien de parenté entre la personne décédée et l’héritier est éloigné.

Vous allez découvrir les différentes solutions pour s’acquitter de cet impôt.
Victor a rendez-vous chez son Notaire suite au décès de son cousin germain.
Première surprise : le Notaire lui révèle que son cousin qui était célibataire et sans enfant a laissé un testament à son profit lui laissant tous ses biens.
Seconde surprise, un peu moins bonne…, le Notaire lui explique :
– d’une part qu’une faible partie de cet héritage ne sera pas taxée (à hauteur de 1594€) et que le reste sera imposé au taux de 55%,
– et d’autre part que le délai pour s’acquitter de cette taxe sur la succession n’est que de 6 mois à compter du décès. 

Rapide calcul fait par Victor et son Notaire : son cousin laissant 5.000 € d’argent en banque et une maison évaluée 195.000 €, la note va être salée :
200.000 € – 1.594 € = 198.406 € taxés à 55% = 109.123 € de droits de succession.

Victor grince des dents, comment va-t-il pouvoir payer cette somme ?

A lire également : les abattements en cas de donation et succession

Héritier éloigné : vendre le bien immobilier de la succession

De prime à bord, la première idée qui vient à l’esprit est celle de vendre le bien immobilier hérité afin de payer les droits avec le prix de vente. Mais comment faire lorsque l’héritier souhaite conserver le bien ?
Il existe d’autres alternatives :

• Payer avec l’argent de la succession

Ce n’est pas le cas pour Victor mais il peut arriver que l’argent de la personne décédée soit suffisant pour régler les droits.

• Piocher dans ses économies 

L’héritier dispose bien sûr de la possibilité de régler avec son propre argent mais encore faut-il disposer de la somme suffisante…

• Régler avec autre chose que de l’argent

C’est une option marginale mais qui existe sous certaines conditions : s’acquitter des droits de succession en valeurs du Trésor ou encore par la remise d’œuvres d’art, de livres, d’objets de collection, de documents, de haute valeur artistique ou historique.

• Echelonner les règlements

Sous réserve que la succession comprenne majoritairement de biens non liquides (maison, terrain, entreprise…), l’héritier peut demander au Trésor Public de régler les droits de succession en plusieurs fois.

Toutefois cette solution présente des inconvénients : c’est le service des impôts qui fixe lui-même le calendrier des remboursements avec nécessairement une échéance tous les 6 mois, des intérêts seront dus (au taux annuel à 1,3% pour 2019) et une garantie, souvent une hypothèque, sera prise.

• Reporter le paiement

Lorsqu’une personne n’hérite que de la nue-propriété d’un bien, c’est-à-dire qu’une autre personne (souvent le conjoint) a l’usufruit du même bien, la première peut demander à différer le paiement de tous ses droits de succession au décès de l’usufruitier.

Néanmoins là aussi, le Trésor Public va appliquer des intérêts et demander une garantie.

• Emprunter de l’argent

Enfin, il est toujours possible de consulter sa banque pour solliciter un emprunt.

Il est important de régler les droits de succession dus dans les délais parce qu’en cas de retard, des pénalités sont encourues et il serait quand même dommage d’alourdir encore la note…

Delphine GRANGEON, notaire

Don d’argent : attention aux conséquences lors de la succession

don d'argent succession

A l’occasion de Noël, il y a 4 ans, vos parents vous avaient fait un don d’argent, à vous et à votre frère. Ils souhaitaient conserver l’égalité entre vous. Chacun avait donc reçu un chèque de 30 000 €.

Ce don manuel avait été régulièrement déclaré auprès de l’administration fiscale.

Vous vous êtes servie des 30 000 € pour acheter un terrain et faire construire votre maison. Votre frère quant à lui s’est acheté la voiture de ses rêves et en a profité pour voyager.

Don d’argent : l‘heure des comptes

Au décès de vos parents, le notaire vous a annoncé que vous alliez devoir rembourser à votre frère la moitié en valeur de votre terrain. Et là, vous êtes tombée de votre chaise !

Don d’argent : cadeau empoisonné

En fait, l’erreur commise par vos parents est classique. Pour éviter des frais d’acte, ils ont cru bon de donner à leurs enfants la même somme, tout en respectant le formalisme fiscal.

Don d’argent : attention au rapport successoral

Mais, c’est hélas ignorer la règle du rapport successoral. Ce rapport exige que lors du règlement d’une succession, l’enfant doit rapporter non pas ce qui lui a été donné, mais le montant de la donation majoré de la plus-value qu’a pu prendre le bien acquis avec l’argent donné.

Vous deviez donc rapporter le montant correspondant à la valeur actualisée de votre terrain, acheté avec les 30 000 €.

Une donation-partage est plus sage… !

Une donation simple de somme d’argent est donc à éviter dans ce cas. La seule façon de figer une fois pour toutes les sommes données est de procéder par voie de donation-partage notariée.

Bon à savoir : les frais d’acte sur une donation-partage de somme d’argent sont bien moins élevés que pour une donation de biens immobiliers (à peine 2% de la somme donnée) ! Renseignez-vous donc bien auprès de votre notaire avant de donner !

 

Déshériter ses enfants… Est-ce possible ?

déshériter un enfant

Est-ce que je peux déshériter mes enfants ?

Depuis plusieurs mois et l’affaire JOHNNY, la question taraude beaucoup d’esprits. Cependant, en France, déshériter ses enfants est rarement envisagé sérieusement… Certains se posent la question et peuvent utiliser cette notion sous forme de chantage : « Si tu ne viens pas nous voir régulièrement on te déshérite » . D’autres l’envisagent plus sérieusement et passent à l’acte … 

Mais peut-on déshériter complètement un enfant ? Quels sont les moyens pour y parvenir ?

La réserve héréditaire et quotité disponible

La réserve héréditaire consiste en la part de biens dépendant de votre succession revenant obligatoirement à un héritier réservataire (descendant) en cas de décès; Il s’agit donc de la part minimum que recevront vos enfants. Le surplus des biens dépendant de votre succession constituant la quotité disponible : La part dont vous pouvez disposer librement.

En présence d’un enfant, il doit impérativement recevoir la moitié (1/2) de la succession de chacun de ses parents ; La quotité disponible est alors de moitié (1/2).

En présence de deux enfants, ils doivent impérativement recevoir le tiers (1/3) chacun de la succession de chacun de leurs parents ; La quotité disponible est alors d’un tiers (1/3).

En présence de trois enfants ou plus, ils doivent impérativement recevoir et se partager à parts égales les trois quarts (3/4) de la succession de chacun de leurs parents (soit ¼ chacun pour 3 enfants et les ¾ divisés par le nombre d’enfants en cas de présence de plus de 3 enfants); La quotité disponible est alors d’un quart (1/4).

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Comment passer à l’acte ?

Si vous êtes décidé à déshériter un de vos enfants, ou peut-être plus légèrement à avantager un enfant, dans la limite de la réserve héréditaire ci-dessus évoquée, différentes solutions se proposent à vous.

Vous pouvez tout d’abord de votre vivant procéder à une donation préciputaire et hors part au profit de la personne de votre choix ou du ou des enfants que vous souhaitez avantager. Contrairement à une donation en avancement de part successorale, elle s’imputera sur la quotité disponible ce qui signifie qu’elle sera prélevée à votre décès sur la part dont vous pouvez disposer librement (la moitié, le tiers et le quart sus-visés) et ce qui diminuera la part transmise à vos autres enfants.

Vous pouvez par ailleurs régulariser un testament afin de léguer la quotité disponible dépendant de votre succession à un ou plusieurs de vos enfants, à un ou plusieurs de vos petits-enfants, mais aussi à votre partenaire pacsé, à un ami ou à une association. La finalité étant la même que dans le cas précédent.

Vous pouvez enfin verser des fonds sur un contrat d’assurance-vie dont vous choisirez librement le bénéficiaire ; Il faut cependant veiller à ce que les sommes versées ne soient pas manifestement excessives au vue de votre patrimoine.

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Est-ce partout pareil ?

La réserve héréditaire n’existe pas dans tous les pays et elle existe dans certains pays sous d’autres formes ; Aussi, ces règles ne s’appliqueront pas forcément à votre situation si vous êtes de nationalité étrangère ou si vous partez vivre dans un autre pays et qu’une partie de votre patrimoine se trouve dans un autre pays. 

Quelle que soit votre situation, afin de préparer au mieux votre succession, n’hésitez pas à consulter votre notaire !

Jennifer PITARCH, notaire

Hériter d’un véhicule… Tout ce qu’il faut savoir !

Hériter d'un véhicule

Vous allez hériter d’un véhicule et vous souhaitez le garder, comment procéder ?

La carte grise sera établie au nom d’un seul héritier (autre que l’époux survivant).
Le véhicule entrant dans le cadre de la succession, vous devrez faire modifier la carte grise.

Les héritiers se désistent au profit d’un seul

  • Vous devez effectuer la démarche en ligne en utilisant le téléservice suivant : Agence nationale des titres sécurisés (ANTS)
  • Vous devez avoir (ou créer) un compte usager ANTS. 
  • Vous pouvez également vous identifier via France Connect (utilisation de l’identifiant et du mot de passe de votre compte Impots.gouv.fr ou Ameli.fr ou Idn.laposte.fr ou Mobile Connect et moi).

Les démarches à effectuer 

Des points numériques (avec ordinateurs, imprimantes et scanners) sont mis à disposition dans chaque préfecture et dans la plupart des sous-préfectures. 

Vous pouvez y accomplir la démarche, en étant aidé par des médiateurs si vous rencontrez des difficultés avec l’utilisation d’internet.

Attention : il n’est désormais plus possible de demander une carte grise auprès de la préfecture ou de la sous-préfecture.

Vous devez vous munir d’une copie numérique (photo ou scan) des documents suivants :

  • Formulaire cerfa n°13750*05
  • Justificatif de moins de 6 mois
  • Carte grise originale
    • Pièce justifiant de la qualité d’héritier :
      soit une attestation du notaire chargé de la liquidation de la succession certifiant que M. Mme …, né (e) le … à …, est décédé (e) le … à … et que, dans la succession, se trouve un véhicule (avec indication de la marque, du n° d’immatriculation et du n° d’identification du véhicule) ;
    • soit un acte de notoriété établi par un notaire ;
    • soit un certificat de décès accompagnée d’une attestation, signée de l’ensemble des héritiers certifiant qu’il n’existe pas de testament, ni d’autres héritiers du défunt qu’il n’existe pas de contrat de mariage et qu’il n’y a ni procès, ni contestation en cours concernant la qualité d’héritier ou la composition de la succession.
  • Lettre de désistement de tous les autres héritiers en faveur de celui qui demande l’immatriculation du véhicule ou un certificat du notaire constatant leur accord pour attribuer le véhicule à l’un d’entre eux
  • Si vous faites la démarche pour quelqu’un d’autre, mandat signé et pièce identité de la personne pour qui vous effectuez la démarche.

Vous devez certifier sur l’honneur que le titulaire de la carte grise dispose d’une attestation d’assurance du véhicule et d’un permis de conduire correspondant à la catégorie du véhicule immatriculé.

Vous n’avez pas à joindre une copie numérique (photo ou scan) du permis de conduire. Mais celle-ci pourra vous être demandée dans le cadre de l’instruction de votre dossier.

Le règlement du montant de la carte grise doit obligatoirement être effectué par carte bancaire.

La fin de la procédure

À la fin de la procédure, vous obtenez :

  • un numéro de dossier,
  • un accusé d’enregistrement de votre demande
  • et un certificat provisoire d’immatriculation (CPI), que vous devez imprimer. Le CPI vous permet de circuler pendant 1 mois, en attendant de recevoir votre carte grise.

Vous recevrez votre carte grise sous pli sécurisé en général dans les 7 jours ouvrés. Toutefois, le délai peut être plus long

Vous pouvez suivre l’état d’avancement de votre dossier sur le site de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) :

À noter : vous devez conserver l’ancienne carte grise pendant 5 ans, puis la détruire.

Amélie URSO MEHIDEB, notaire.

Aides sociales… Sont-elles récupérables ?

aides sociales récupérables

Pour éviter les mauvaises surprises, zoom sur les aides sociales récupérables ou non par l’état lors du décès du bénéficiaire.

Sous réserve du respect des conditions d’attribution et de ressources liées respectivement à chacune d’elles, les aidés peuvent bénéficier de diverses aides sociales ayant vocation à améliorer leur vie quotidienne, qu’elles soient relatives à leur logement, leurs repas ou leur santé.

Les aides sociales sont qualifiées de « non contributives » en ce qu’elles sont versées sans cotisations préalables et doivent ainsi exclusivement soutenir les personnes les plus vulnérables. 

Les collectivités et les organismes qui les distribuent font preuve d’une vigilance accrue quant à leur récupération, dès que celle-ci s’avère du moins possible et juridiquement justifiée.

Les aides sociales compensatrices ne sont pas récupérables

Le principe général est que les aides sociales apportant une « compensation », face à une situation défavorable dont souffre l’aidé, ne sont pas récupérables.

Il s’agit essentiellement des aides suivantes :

  • La plupart des aides aux personnes handicapées : la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), l’Allocation Adulte Handicapée (AAH), l’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP), et les frais d’hébergement en maisons d’accueil spécialisées ;
  • La plupart des aides aux personnes dépendantes : l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), l’aide ménagère des caisses de retraite, allocation logement de la CAF.

Les aides sociales récupérables concernent les avances 

A l’inverse, les aides sociales considérées comme constituant des « avances » financières qui améliorent la vie courante de l’aidé, peuvent être récupérées.

Il s’agit essentiellement des aides sociales suivantes : 

  • les aides à domicile versées par les départements (repas, aide ménagère à domicile), 
  • les Aides Sociales à l’Hébergement (ASH), 
  • l’Allocation de Solidarité accordée aux Personnes Agées (ASPA), la Prestation Spécifique Dépendance (PSD), 
  • l’Allocation de Solidarité aux Invalides (ASI).

https://vimeo.com/342198657

Cela dit, si l’aidé a dépensé la totalité des sommes perçues ou, à l’inverse, les a épargnées sur des supports financiers insaisissables (de type assurance-vie), leur restitution sera d’autant plus difficile.

Pour autant, les pouvoirs d’investigation et d’action du Conseil Départemental ou des Caisses de Retraite sont particulièrement aiguisés, et des inscriptions hypothécaires peuvent être prises à titre de garantie sur l’ensemble des biens et droits immobiliers identifiés dans l’attente de leur vente ou de leur saisie.

Amélie URSO MEHIDEB, notaire