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Succession : les aides sociales sont-elles récupérables ?

Les aides sociales récupérables lors de la succession

Pour éviter les mauvaises surprises, zoom sur les aides sociales récupérables ou non par l’Etat lors du décès du défunt. Sous réserve du respect des conditions d’attribution et de ressources liées respectivement à chacune d’elles, les aidés peuvent bénéficier de diverses aides sociales ayant vocation à améliorer leur vie quotidienne, qu’elles soient relatives à leur logement, leurs repas ou leur santé. Les aides sociales sont qualifiées de « non contributives » en ce qu’elles sont versées sans cotisations préalables et doivent ainsi exclusivement soutenir les personnes les plus vulnérables. Les collectivités et les organismes qui les distribuent font preuve d’une vigilance accrue quant à leur récupération, dès que celle-ci s’avère du moins possible et juridiquement justifiée.

Les aides compensatrices ne sont pas récupérables.

Le principe général est que les aides sociales apportant une « compensation », face à une situation défavorable dont souffre l’aidé, ne sont pas récupérables. Il s’agit essentiellement des aides suivantes :

  • la plupart des aides aux personnes handicapées : la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), l’Allocation Adulte Handicapée (AAH), l’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP), et les frais d’hébergement en maisons d’accueil spécialisées ;
  • la plupart des aides aux personnes dépendantes : l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), l’aide ménagère des caisses de retraite, allocation logement de la CAF.

Les aides récupérables concernent les avances

A l’inverse, les aides sociales considérées comme constituant des « avances » financières qui améliorent la vie courante de l’aidé, peuvent être récupérées. Il s’agit essentiellement des aides suivantes : les aides à domicile versées par les départements (repas, aide ménagère à domicile), les Aides Sociales à l’Hébergement (ASH), l’Allocation de Solidarité accordée aux Personnes Agées (ASPA), la Prestation Spécifique Dépendance (PSD), l’Allocation de Solidarité aux Invalides (ASI).

Bon à savoir : Cela dit, si l’aidé a dépensé la totalité des sommes perçues ou, à l’inverse, les a épargnées sur des supports financiers insaisissables (de type assurance-vie), leur restitution sera d’autant plus difficile. Pour autant, les pouvoirs d’investigation et d’action du Conseil Départemental ou des Caisses de Retraite sont particulièrement aiguisés, et des inscriptions hypothécaires peuvent être prises à titre de garantie sur l’ensemble des biens et droits immobiliers identifiés dans l’attente de leur vente ou de leur saisie.

Amélie URSO MEHIDEB, notaire

Comment rédiger son testament ?

savoir rédiger son testament

Rédiger son testament est une épreuve délicate pour laquelle il est bien de se munir de différentes précautions. En effet, il est important de le rédiger dans les règles de l’art et de respecter scrupuleusement ses conditions de validité.

La rédaction du testament 

Pour être valable, il est important que le testament remplisse des conditions de validité. Il doit être écrit de la main du testateur, être daté et signé par ce dernier. Ces conditions sont d’une grande importance puisque le testament olographe est susceptible d’être frappé de nullité s’il est antidaté, s’il n’est pas écrit de la main du testateur c’est-à-dire avec l’intervention d’une autre personne. En effet, il n’est pas possible d’utiliser des procédés mécaniques d’écriture comme un ordinateur ou une machine à écrire.

S’il n’existe pas de style ou de ton particulier pour rédiger ses dernières volontés, il est très important d’être le plus précis possible, en mentionnant formellement les noms et prénoms des bénéficiaires, dates de naissance et leurs éventuels liens de parenté, en identifiant les biens légués afin que le testament ne soit pas sujet à interprétation. En effet, en cas d’omission d’un nom de famille, le bénéficiaire pourrait bien ne jamais entrer en possession de son legs ! De la même manière, les ratures, surcharges ou collages constituent aussi des motifs de nullité. Dans ce cas, il est donc conseillé de refaire un nouveau testament, en veillant à détruire le précédent. En cas de maladie vous empêchant de rédiger vous-même le testament, il est possible d’avoir recours à un notaire qui vous proposera d’opter pour un testament authentique. Parce qu’il contient des dispositions de dernières volontés qui sont personnelles à son auteur, le testament ne peut être conjoint. C’est pour toutes ces raisons que s’octroyer les conseils d’un notaire permet de s’assurer de la pleine efficacité de son testament. Celui-ci ayant pour mission de vous orienter dans sa rédaction et de s’assurer de sa conservation !

Rédiger son testament : l‘adaptation du testament au fil de la vie

Le temps passe, les envies évoluent et le patrimoine aussi ! Il est important de mettre en conformité son testament avec la réalité de son patrimoine pour tenir compte des ventes et des modifications survenues ultérieurement à sa rédaction.

Afin de modifier ou de compléter celui-ci, il est conseillé de le réécrire entièrement en prenant soin d’annuler expressément l’ancien ou bien de rédiger un additif appelé codicille, qui sera également daté et signé de votre main.

A lire également : les solutions pour sortir d’un conflit lors d’une succession

Rédiger son testament : les formes du testament

Le testament authentique est un acte réalisé devant un notaire et deux témoins ou devant deux notaires, lequel est rédigé par le notaire retranscrivant la volonté du testateur.

Le testament olographe est la forme la plus courante de testament puisqu’il est à la portée de tous, ne nécessitant aucune intervention extérieure. Il est gratuit et peut être rédigé sur papier libre, recopié à partir d’un modèle ou même sous forme de lettre, au crayon ou à l’encre, en français ou en langue étrangère.

La conservation du testament

Le testament olographe n’a pas à être obligatoirement enregistré et peut être conservé par le testateur ou par toute autre personne à qui le testateur l’aurait confié. Encore faut-il le conserver en lieu sûr ! En effet, garder chez soi son testament olographe soulève plusieurs inconvénients. Trop précieusement caché, il peut ne pas être retrouvé avant le règlement de la succession. Laissé à la vue de tous, il risque d’être découvert et détruit par un des héritiers évincé ou qui serait en total désaccord avec le document. De même, s’il est retrouvé tardivement (après le règlement de la succession), il faudrait alors revoir toute la liquidation de la succession pour en tenir compte.

La solution la plus sûre reste de toute évidence de le confier à son notaire qui non seulement en assurera la conservation au coffre mais prendra préalablement le soin de l’inscrire au fichier central des dispositions de dernières volontés. Si vous optez pour le testament authentique, le notaire l’inscrira au fichier sans que vous ayez à le lui demander. Ainsi, au décès, n’importe quel notaire de France qui consulte le fichier aura connaissance qu’un testament a été rédigé par le défunt et le nom du notaire qui en est dépositaire. A noter que le fichier des testaments est totalement sécurisé. Il peut être consulté uniquement par le testateur de son vivant et les notaires. La discrétion est absolue, le contenu du testament n’est jamais communiqué au fichier.

Jessica DUMONT, notaire

Donation… Faisons le point !

donation, faisons le point

Soutenir un proche dans la difficulté, aider un enfant à démarrer dans la vie, offrir un cadeu, partager une somme d’argent,…Au-delà des dons réalisés à l’occasion d’un anniversaire, d’un mariage, les questions ne  manquent pas. Le montant est-il adapté à notre situation ? Comment procéder ? Quelle sera la fiscalité ?

Toutes les façons de donner ne se valent pas. Selon que l’on souhaite respecter l’égalité entre ses enfants, que l’on désire aider l’un d’entre eux quand il en a besoin ou que l’on envisage d’associer plusieurs générations autour d’un projet commun et patrimonial, les techniques juridiques à utiliser ne seront pas les mêmes.

Donner oui, mais comment ?

Une donation est un acte par lequel une personne « dispose à titre gratuit » d’un bien au profit d’une autre et ceci doit également être formellement accepté.

► Le donataire :

Le bénéficiaire peut être toute personne, héritier du donateur ou non.

Or, seule une personne majeure dispose de la capacité juridique pour accepter une donation.

Enfants mineurs – Si des parents ou des grands-parents souhaitent gratifier un enfant mineur, c’est possible, mais il sera nécessaire que son représentant légal accepte la donation.

Le terme de « représentant légal » a ici une acception assez large et va au-delà des tuteurs ou administrateurs légaux pour s’étendre à tous les ascendants de l’enfant.

Majeurs protégés – Rien n’interdit de faire bénéficier un majeur sous tutelle d’une libéralité. Mais l’intervention du tuteur est requise pour accepter une donation qui ne peut être grevée d’aucune obligation.

Un majeur sous curatelle peut accepter seul une donation, l’assistance de son curateur n’étant nécessaire que si elle est grevée d’obligations.

Incapacité à recevoir- Certaines personnes sont particulièrement désireuses de « laisser quelque chose » à un tiers qui les a aidées dans des moments difficiles.

Rien ne s’y oppose évidemment sauf… s’il s’agit de professionnels leur ayant dispensé des soins pendant leur maladie, qu’ils appartiennent au corps médical (médecins, chirurgiens, pharmaciens, infirmiers, etc.) ou à un culte (prêtres, pasteurs, rabbins, imams). Dans cette situation, pour éviter toute contestation, il est préférable d’orienter ses dons vers une fondation cultuelle ou soutenant la recherche médicale. Cet interdit s’applique aussi en principe aux mandataires judiciaires à la protection des majeurs.

► Attribuer dans quelle mesure et sous quelle forme ?

♦ L’objet de la donation peut porter sur un bien en pleine propriété ou démembré.

Peut-on tout donner ? Dans quelle limite ?
Tout donner, c’est possible. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’il ne faut pas se dépouiller au point de ne plus pouvoir subvenir à ses besoins futurs. Surtout, il ne faut pas oublier que la liberté de donner est limitée par la « réserve héréditaire » de ses enfants.

Or celle- ci ne sera déterminée qu’après le décès du donateur.

Il reste possible de déroger à cette règle de la réserve en proposant à tous ses enfants de s’engager dans une renonciation anticipée à agir en réduction, qui peut être utilisé dans certaines configurations familiales particulières (par exemple enfant handicapé).

Entre le billet que l’on glisse discrètement dans la main d’un neveu et la donation notariée, la forme du don n’a rien d’anodin.

Le don manuel : Il représente la forme la plus simple et comme son nom l’indique, il peut être utilisé chaque fois que l’on peut donner « de la main à la main » : un meuble, une voiture, un tableau, une somme d’argent. Il s’étend aussi aux virements et au transfert de valeurs mobilières.

En revanche, il est exclu pour les biens immobiliers.

Il faut prendre la mesure de la portée de cet engagement. L’éventualité que le geste généreux soit découvert peut être mal interprété au moment de la succession du donateur.

La prudence commande le support notarié.

La donation notariée : C’est la donation par excellence : le notaire se charge de rédiger l’acte, d’informer le donateur de la portée de son acte, de le conseiller sur les modalités de la donation en fonction de la configuration familiale, de contrôler les abattements et exonérations possibles, de recueillir l’accord des donataires, de vérifier le transfert de propriété des biens donnés, de régler les droits, etc…

S’il paraît logique d’aider ses enfants au moment où ils en ont besoin, ces gestes désintéressés réalisés individuellement peuvent avoir des effets pervers.

Ce sera le cas si la valorisation des biens donnés ou acquis avec les sommes données évolue différemment et que, lors de l’ouverture de la succession du donateur, de grandes disparités se font jour.

Le double intérêt de la donation-partage permet aux parents de préparer la répartition de leur patrimoine en toute clarté et de rassembler leurs enfants. Elle fige les valeurs données à leur valeur déclarée au jour de l’acte.

Optimisation : comment procéder ?

► Aspect fiscal :

Le législateur a mis en place plusieurs dispositifs d’allégement des droits de donations, avec pour objectif de favoriser la circulation des patrimoines entre générations.

Un donataire bénéficie en principe d’un abattement avant de régler des droits de donation.

Autre aspect dont il faut tenir compte, le délai de rappel fiscal des donations est de 15 ans.

Cela signifie que, avant d’appliquer l’abattement pour calculer les droits de mutation exigibles, l’administration fiscale rapporte toutes les donations effectuées au cours des quinze années précédentes.

Ci-dessous, un tableau récapitulatif :

  • Bénéficiaire concerné Montant de l’abattement
  • Epoux, épouse ou partenaire d’un PACS 80.724 €
  • Ascendant ou enfant 100.000 €
  • Petits-enfants 31.865 €
  • Arrière petits-enfants 5.310 €
  • Frère ou soeur 15.932 €
  • Neveu ou nièce 7.967 €
  • Personne handicapée (abattement se cumulant avec ceux applicables selon degré de parenté) 159.325 €
  • Parent au-delà du 4ème degré de parenté 1.594 €

►Utiliser le démembrement de propriété

L’objet de la donation peut porter sur un bien en pleine propriété ou démembré.

Pleine propriété. Un bien donné en pleine propriété appartient en totalité et sans réserve à celui qui le reçoit, qu’il s’agisse d’argent, d’un meuble, d’un tableau, de parts de société, d’un logement, etc…

Démembrement de propriété. Le droit de propriété se compose de la nue-propriété (la disposition du bien) et de l’usufruit (l’usage et la perception des revenus générés par le bien). Il est possible de répartir ces deux droits entre l’usufruitier (en général les parents donateurs) et les nus propriétaires (les enfants donataires).

Au décès de l’usufruitier, la loi prévoit que l’usufruit rejoint la nue-propriété, sans taxation : les enfants deviennent alors propriétaires à part entière du bien. Ce principe peut s’appliquer aux biens immobiliers, aux portefeuilles de valeurs mobilières (dont les parents continuent à percevoir les intérêts et dividendes), etc.

Pourquoi donner la nue-propriété d’un bien ? D’une part, pour continuer à bénéficier de la gestion, de l’occupation ou des fruits de son patrimoine. D’autre part, pour transmettre ses biens à moindre coût.

Outre l’avantage de donner par étapes sans se dépouiller des pouvoirs de gestion et des revenus procurés par le bien, une donation démembrée présente un intérêt fiscal : l’assiette taxable est réduite à la seule valeur du droit démembré transmis, calculée selon un barème légal. Il y aura donc une diminution du montant des droits de donation voire une exonération si l’assiette taxable demeure plus faible que les abattements.

EXEMPLE : Un couple veut transmettre sa maison à leurs deux enfants. Ils se demandent ce qui est le plus avantageux fiscalement ?

La donation est nettement plus profitable qu’une succession, la taxation étant inférieure. Les droits de donation ne se calculent pas sur la pleine propriété (valeur totale du bien) mais seulement sur la nue-propriété (es murs) transmise aux enfants. L’usufruit (la jouissance du bien) demeure et reste propriété du donateur jusqu’à sa mort. La valeur de la nue-propriété dépend de l’âge du donateur. Quant aux enfants, ils profitent d’un abattement de 100 000 €, et ce tous les quinze ans. Dans l’hypothèse où la pleine propriété est évaluée à 400 000 €, les deux parents ayant moins de 81 ans, la nue-propriété représente 70 %, soit 280 000 €.

Afin de bénéficier deux fois de l’abattement de 100 000 €, ils ont intérêt à se partager la donation aux enfants. Ainsi, chacun recevra 70 000 €, soit un quart de la nue-propriété.

Lors du décès de leurs parents, les enfants hériteront — sans taxe — de l’usufruit de la maison. 

Caroline LABERTRANDIE, notaire

 

Héritier éloigné… Comment payer les droits de succession ?

héritier éloigné

C’est bien connu les impôts sur les successions en France sont souvent lourds surtout quand le lien de parenté entre la personne décédée et l’héritier est éloigné.

Vous allez découvrir les différentes solutions pour s’acquitter de cet impôt.
Victor a rendez-vous chez son Notaire suite au décès de son cousin germain.
Première surprise : le Notaire lui révèle que son cousin qui était célibataire et sans enfant a laissé un testament à son profit lui laissant tous ses biens.
Seconde surprise, un peu moins bonne…, le Notaire lui explique :
– d’une part qu’une faible partie de cet héritage ne sera pas taxée (à hauteur de 1594€) et que le reste sera imposé au taux de 55%,
– et d’autre part que le délai pour s’acquitter de cette taxe sur la succession n’est que de 6 mois à compter du décès. 

Rapide calcul fait par Victor et son Notaire : son cousin laissant 5.000 € d’argent en banque et une maison évaluée 195.000 €, la note va être salée :
200.000 € – 1.594 € = 198.406 € taxés à 55% = 109.123 € de droits de succession.

Victor grince des dents, comment va-t-il pouvoir payer cette somme ?

A lire également : les abattements en cas de donation et succession

Héritier éloigné : vendre le bien immobilier de la succession

De prime à bord, la première idée qui vient à l’esprit est celle de vendre le bien immobilier hérité afin de payer les droits avec le prix de vente. Mais comment faire lorsque l’héritier souhaite conserver le bien ?
Il existe d’autres alternatives :

• Payer avec l’argent de la succession

Ce n’est pas le cas pour Victor mais il peut arriver que l’argent de la personne décédée soit suffisant pour régler les droits.

• Piocher dans ses économies 

L’héritier dispose bien sûr de la possibilité de régler avec son propre argent mais encore faut-il disposer de la somme suffisante…

• Régler avec autre chose que de l’argent

C’est une option marginale mais qui existe sous certaines conditions : s’acquitter des droits de succession en valeurs du Trésor ou encore par la remise d’œuvres d’art, de livres, d’objets de collection, de documents, de haute valeur artistique ou historique.

• Echelonner les règlements

Sous réserve que la succession comprenne majoritairement de biens non liquides (maison, terrain, entreprise…), l’héritier peut demander au Trésor Public de régler les droits de succession en plusieurs fois.

Toutefois cette solution présente des inconvénients : c’est le service des impôts qui fixe lui-même le calendrier des remboursements avec nécessairement une échéance tous les 6 mois, des intérêts seront dus (au taux annuel à 1,3% pour 2019) et une garantie, souvent une hypothèque, sera prise.

• Reporter le paiement

Lorsqu’une personne n’hérite que de la nue-propriété d’un bien, c’est-à-dire qu’une autre personne (souvent le conjoint) a l’usufruit du même bien, la première peut demander à différer le paiement de tous ses droits de succession au décès de l’usufruitier.

Néanmoins là aussi, le Trésor Public va appliquer des intérêts et demander une garantie.

• Emprunter de l’argent

Enfin, il est toujours possible de consulter sa banque pour solliciter un emprunt.

Il est important de régler les droits de succession dus dans les délais parce qu’en cas de retard, des pénalités sont encourues et il serait quand même dommage d’alourdir encore la note…

Delphine GRANGEON, notaire

Don d’argent : attention aux conséquences lors de la succession

don d'argent succession

A l’occasion de Noël, il y a 4 ans, vos parents vous avaient fait un don d’argent, à vous et à votre frère. Ils souhaitaient conserver l’égalité entre vous. Chacun avait donc reçu un chèque de 30 000 €.

Ce don manuel avait été régulièrement déclaré auprès de l’administration fiscale.

Vous vous êtes servie des 30 000 € pour acheter un terrain et faire construire votre maison. Votre frère quant à lui s’est acheté la voiture de ses rêves et en a profité pour voyager.

Don d’argent : l‘heure des comptes

Au décès de vos parents, le notaire vous a annoncé que vous alliez devoir rembourser à votre frère la moitié en valeur de votre terrain. Et là, vous êtes tombée de votre chaise !

Don d’argent : cadeau empoisonné

En fait, l’erreur commise par vos parents est classique. Pour éviter des frais d’acte, ils ont cru bon de donner à leurs enfants la même somme, tout en respectant le formalisme fiscal.

Don d’argent : attention au rapport successoral

Mais, c’est hélas ignorer la règle du rapport successoral. Ce rapport exige que lors du règlement d’une succession, l’enfant doit rapporter non pas ce qui lui a été donné, mais le montant de la donation majoré de la plus-value qu’a pu prendre le bien acquis avec l’argent donné.

Vous deviez donc rapporter le montant correspondant à la valeur actualisée de votre terrain, acheté avec les 30 000 €.

Une donation-partage est plus sage… !

Une donation simple de somme d’argent est donc à éviter dans ce cas. La seule façon de figer une fois pour toutes les sommes données est de procéder par voie de donation-partage notariée.

Bon à savoir : les frais d’acte sur une donation-partage de somme d’argent sont bien moins élevés que pour une donation de biens immobiliers (à peine 2% de la somme donnée) ! Renseignez-vous donc bien auprès de votre notaire avant de donner !

 

Déshériter ses enfants… Est-ce possible ?

déshériter un enfant

Est-ce que je peux déshériter mes enfants ?

Depuis plusieurs mois et l’affaire JOHNNY, la question taraude beaucoup d’esprits. Cependant, en France, déshériter ses enfants est rarement envisagé sérieusement… Certains se posent la question et peuvent utiliser cette notion sous forme de chantage : « Si tu ne viens pas nous voir régulièrement on te déshérite » . D’autres l’envisagent plus sérieusement et passent à l’acte … 

Mais peut-on déshériter complètement un enfant ? Quels sont les moyens pour y parvenir ?

La réserve héréditaire et quotité disponible

La réserve héréditaire consiste en la part de biens dépendant de votre succession revenant obligatoirement à un héritier réservataire (descendant) en cas de décès; Il s’agit donc de la part minimum que recevront vos enfants. Le surplus des biens dépendant de votre succession constituant la quotité disponible : La part dont vous pouvez disposer librement.

En présence d’un enfant, il doit impérativement recevoir la moitié (1/2) de la succession de chacun de ses parents ; La quotité disponible est alors de moitié (1/2).

En présence de deux enfants, ils doivent impérativement recevoir le tiers (1/3) chacun de la succession de chacun de leurs parents ; La quotité disponible est alors d’un tiers (1/3).

En présence de trois enfants ou plus, ils doivent impérativement recevoir et se partager à parts égales les trois quarts (3/4) de la succession de chacun de leurs parents (soit ¼ chacun pour 3 enfants et les ¾ divisés par le nombre d’enfants en cas de présence de plus de 3 enfants); La quotité disponible est alors d’un quart (1/4).

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Comment passer à l’acte ?

Si vous êtes décidé à déshériter un de vos enfants, ou peut-être plus légèrement à avantager un enfant, dans la limite de la réserve héréditaire ci-dessus évoquée, différentes solutions se proposent à vous.

Vous pouvez tout d’abord de votre vivant procéder à une donation préciputaire et hors part au profit de la personne de votre choix ou du ou des enfants que vous souhaitez avantager. Contrairement à une donation en avancement de part successorale, elle s’imputera sur la quotité disponible ce qui signifie qu’elle sera prélevée à votre décès sur la part dont vous pouvez disposer librement (la moitié, le tiers et le quart sus-visés) et ce qui diminuera la part transmise à vos autres enfants.

Vous pouvez par ailleurs régulariser un testament afin de léguer la quotité disponible dépendant de votre succession à un ou plusieurs de vos enfants, à un ou plusieurs de vos petits-enfants, mais aussi à votre partenaire pacsé, à un ami ou à une association. La finalité étant la même que dans le cas précédent.

Vous pouvez enfin verser des fonds sur un contrat d’assurance-vie dont vous choisirez librement le bénéficiaire ; Il faut cependant veiller à ce que les sommes versées ne soient pas manifestement excessives au vue de votre patrimoine.

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Est-ce partout pareil ?

La réserve héréditaire n’existe pas dans tous les pays et elle existe dans certains pays sous d’autres formes ; Aussi, ces règles ne s’appliqueront pas forcément à votre situation si vous êtes de nationalité étrangère ou si vous partez vivre dans un autre pays et qu’une partie de votre patrimoine se trouve dans un autre pays. 

Quelle que soit votre situation, afin de préparer au mieux votre succession, n’hésitez pas à consulter votre notaire !

Jennifer PITARCH, notaire

Hériter d’un véhicule… Tout ce qu’il faut savoir !

Hériter d'un véhicule

Vous allez hériter d’un véhicule et vous souhaitez le garder, comment procéder ?

La carte grise sera établie au nom d’un seul héritier (autre que l’époux survivant).
Le véhicule entrant dans le cadre de la succession, vous devrez faire modifier la carte grise.

Les héritiers se désistent au profit d’un seul

  • Vous devez effectuer la démarche en ligne en utilisant le téléservice suivant : Agence nationale des titres sécurisés (ANTS)
  • Vous devez avoir (ou créer) un compte usager ANTS. 
  • Vous pouvez également vous identifier via France Connect (utilisation de l’identifiant et du mot de passe de votre compte Impots.gouv.fr ou Ameli.fr ou Idn.laposte.fr ou Mobile Connect et moi).

Les démarches à effectuer 

Des points numériques (avec ordinateurs, imprimantes et scanners) sont mis à disposition dans chaque préfecture et dans la plupart des sous-préfectures. 

Vous pouvez y accomplir la démarche, en étant aidé par des médiateurs si vous rencontrez des difficultés avec l’utilisation d’internet.

Attention : il n’est désormais plus possible de demander une carte grise auprès de la préfecture ou de la sous-préfecture.

Vous devez vous munir d’une copie numérique (photo ou scan) des documents suivants :

  • Formulaire cerfa n°13750*05
  • Justificatif de moins de 6 mois
  • Carte grise originale
    • Pièce justifiant de la qualité d’héritier :
      soit une attestation du notaire chargé de la liquidation de la succession certifiant que M. Mme …, né (e) le … à …, est décédé (e) le … à … et que, dans la succession, se trouve un véhicule (avec indication de la marque, du n° d’immatriculation et du n° d’identification du véhicule) ;
    • soit un acte de notoriété établi par un notaire ;
    • soit un certificat de décès accompagnée d’une attestation, signée de l’ensemble des héritiers certifiant qu’il n’existe pas de testament, ni d’autres héritiers du défunt qu’il n’existe pas de contrat de mariage et qu’il n’y a ni procès, ni contestation en cours concernant la qualité d’héritier ou la composition de la succession.
  • Lettre de désistement de tous les autres héritiers en faveur de celui qui demande l’immatriculation du véhicule ou un certificat du notaire constatant leur accord pour attribuer le véhicule à l’un d’entre eux
  • Si vous faites la démarche pour quelqu’un d’autre, mandat signé et pièce identité de la personne pour qui vous effectuez la démarche.

Vous devez certifier sur l’honneur que le titulaire de la carte grise dispose d’une attestation d’assurance du véhicule et d’un permis de conduire correspondant à la catégorie du véhicule immatriculé.

Vous n’avez pas à joindre une copie numérique (photo ou scan) du permis de conduire. Mais celle-ci pourra vous être demandée dans le cadre de l’instruction de votre dossier.

Le règlement du montant de la carte grise doit obligatoirement être effectué par carte bancaire.

La fin de la procédure

À la fin de la procédure, vous obtenez :

  • un numéro de dossier,
  • un accusé d’enregistrement de votre demande
  • et un certificat provisoire d’immatriculation (CPI), que vous devez imprimer. Le CPI vous permet de circuler pendant 1 mois, en attendant de recevoir votre carte grise.

Vous recevrez votre carte grise sous pli sécurisé en général dans les 7 jours ouvrés. Toutefois, le délai peut être plus long

Vous pouvez suivre l’état d’avancement de votre dossier sur le site de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) :

À noter : vous devez conserver l’ancienne carte grise pendant 5 ans, puis la détruire.

Amélie URSO MEHIDEB, notaire.

Aides sociales… Sont-elles récupérables ?

aides sociales récupérables

Pour éviter les mauvaises surprises, zoom sur les aides sociales récupérables ou non par l’état lors du décès du bénéficiaire.

Sous réserve du respect des conditions d’attribution et de ressources liées respectivement à chacune d’elles, les aidés peuvent bénéficier de diverses aides sociales ayant vocation à améliorer leur vie quotidienne, qu’elles soient relatives à leur logement, leurs repas ou leur santé.

Les aides sociales sont qualifiées de « non contributives » en ce qu’elles sont versées sans cotisations préalables et doivent ainsi exclusivement soutenir les personnes les plus vulnérables. 

Les collectivités et les organismes qui les distribuent font preuve d’une vigilance accrue quant à leur récupération, dès que celle-ci s’avère du moins possible et juridiquement justifiée.

Les aides sociales compensatrices ne sont pas récupérables

Le principe général est que les aides sociales apportant une « compensation », face à une situation défavorable dont souffre l’aidé, ne sont pas récupérables.

Il s’agit essentiellement des aides suivantes :

  • La plupart des aides aux personnes handicapées : la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), l’Allocation Adulte Handicapée (AAH), l’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP), et les frais d’hébergement en maisons d’accueil spécialisées ;
  • La plupart des aides aux personnes dépendantes : l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), l’aide ménagère des caisses de retraite, allocation logement de la CAF.

Les aides sociales récupérables concernent les avances 

A l’inverse, les aides sociales considérées comme constituant des « avances » financières qui améliorent la vie courante de l’aidé, peuvent être récupérées.

Il s’agit essentiellement des aides sociales suivantes : 

  • les aides à domicile versées par les départements (repas, aide ménagère à domicile), 
  • les Aides Sociales à l’Hébergement (ASH), 
  • l’Allocation de Solidarité accordée aux Personnes Agées (ASPA), la Prestation Spécifique Dépendance (PSD), 
  • l’Allocation de Solidarité aux Invalides (ASI).

https://vimeo.com/342198657

Cela dit, si l’aidé a dépensé la totalité des sommes perçues ou, à l’inverse, les a épargnées sur des supports financiers insaisissables (de type assurance-vie), leur restitution sera d’autant plus difficile.

Pour autant, les pouvoirs d’investigation et d’action du Conseil Départemental ou des Caisses de Retraite sont particulièrement aiguisés, et des inscriptions hypothécaires peuvent être prises à titre de garantie sur l’ensemble des biens et droits immobiliers identifiés dans l’attente de leur vente ou de leur saisie.

Amélie URSO MEHIDEB, notaire

Les donations dans les familles recomposées

les donations dans les familles recomposées

À la tête d’une famille recomposée, vous vous interrogez sur les possibilités de transmettre par donation votre patrimoine à l’ensemble de vos enfants, qu’ils soient ou non communs à votre couple. Ne vous inquiétez pas, la loi a considérablement évolué pour s’adapter à ces évolutions majeures de la société ! Explications.

Depuis 2006, la loi offre la possibilité pour les parents de gratifier un enfant issu d’une précédente union dans le cadre de ce que l’on appelle une donation-partage « conjonctive » (donation par les deux parents à des enfants communs).

En résumé, pour qu’il y ait donation-partage dans une famille recomposée, il faut impérativement que le couple ait au moins un enfant commun.

Les donations dans les familles recomposées, comment cela fonctionne t’il ?

À la différence des enfants communs, l’enfant qui ne l’est pas ne pourra recevoir que les biens de son propre parent. Il pourra s’agir de biens propres ou d’une part des biens communs du couple.

Attention, car pour la donation de biens communs, il sera nécessaire que le beau-parent donne son accord dans l’acte.

Bien entendu, l’avantage d’un tel acte est double : au décès, la répartition des biens prévue par la donation-partage ne sera pas remise en cause, et la valeur des biens ne sera pas recalculée.

Les donations dans les familles recomposées, exemple chiffré 

Paul et Laure, mariés sans contrat (régime de la communauté réduite aux acquêts), ont deux enfants communs, Charles et Thomas. Paul a par ailleurs une fille d’une précédente union, Marie.

Le couple souhaite transmettre aux enfants le patrimoine suivant : 

  • Biens communs du couple : 240 000 € (soit 120 000 € appartenant à chaque époux)
  • Biens propres de Paul : 180 000 €
  • Biens propres de Laure : 100 000 €

Paul va donner à ses trois enfants (Charles, Thomas et Marie) : 

  • Sa part des biens communs : 120 000 € soit 40 000 € chacun
  • Ses biens propres : 180 000 € soit 60 000 € chacun

Charles, Thomas et Marie vont ainsi recevoir de leur père 100 000 € chacun

Laure va donner à ses deux enfants (Charles et Thomas) : 

  • Sa part des biens communs : 120 000 € soit 60 000 € chacun
  • Ses biens propres : 100 000 € soit 50 000 € chacun

Charles et Thomas vont ainsi recevoir de leur mère 110 000 € chacun

Finalement, cet acte va permettre de donner des biens aux enfants des différentes unions sans se préoccuper de savoir à quel donateur ils appartiennent.

La fiscalité de cet acte sera intéressante, y compris pour l’enfant non commun. En effet, Marie va recevoir de son père notamment des biens communs, pour lesquels Laure n’est pas considérée comme donatrice. 

La fiscalité en ligne directe va donc s’appliquer sur la totalité du bien donné.

Philippe CASTETS, notaire.

La donation entre époux

tout savoir sur la donation entre époux

Mieux comprendre les contours de la donation entre époux en 6 questions-réponses

Qu’est-ce que la donation entre époux (ou donation au dernier vivant) ?

C’est une donation de biens à venir, c’est-à-dire un contrat par lequel un époux donne l’universalité  des biens qui composeront sa succession à son décès, à son conjoint s’il lui survit (article 1094 Code civil). Cette donation est réduite en présence d’enfants ou de descendants, aux quotités disponibles entre époux (prévues à l’article 1094-1 du Code civil) : 

  • soit la quotité disponible ordinaire : c’est ce dont on peut disposer en faveur d’un étranger (1/2 si on a un enfant ; 1/3 si on a deux enfants ; 1/4 si on a trois enfants ou plus).
  • soit 1/4 en pleine propriété plus ¾ en usufruit.
  • soit la totalité en usufruit.

Quand la donation entre époux peut-elle être faite ?

  • soit dans le contrat de mariage.
  • soit après le mariage.

Qui peut faire une donation entre époux ?

  • Evidemment les couples mariés ! 
  • Les partenaires de pacte civil de solidarité ne peuvent pas faire de donation entre époux.

Quels sont les avantages d’une donation entre époux ?

Certes la loi du 3 décembre 2001 entrée en vigueur le 1er juillet 2002 a fait du conjoint survivant un héritier à part entière.

Cependant alors que le conjoint survivant peut bénéficier à son choix du quart en pleine propriété ou de la totalité en usufruit des biens du défunt lorsqu’il n’y a que des enfants communs du couple, le conjoint ne peut bénéficier que du quart en pleine propriété en présence d’autres enfants non issus du couple 

Il est donc  fortement conseillé aux couples mariés ayant des enfants d’une autre union, de conclure une donation entre époux qui permettra au conjoint survivant de bénéficier entre autre de l’usufruit.

Autre avantage dans tous les cas de figure : c’est le « cantonnement de l’émolument » : le choix que va faire le conjoint en pleine propriété ou en usufruit va pouvoir s’appliquer que sur certains biens de la succession laissant ainsi la possibilité aux enfants ou descendants de recevoir de suite et en pleine propriété certains biens de leur auteur.

> Pour en savoir plus, lisez l’article  » Les nombreux avantages de la donation entre époux ».

Quel est le coût d’une donation entre époux ?

Le coût de ces deux actes est d’environ 350 €. Cela comprend l’émolument du notaire ainsi que l’inscription au Fichier des Dispositions de Dernières Volontés (FCDDV). 

Lors de l’ouverture de la succession, tout notaire consulte le FCDDV. L’inscription de la donation entre époux au FCDDV permettra au notaire chargé de la succession de savoir qu’une donation entre époux existe.

Peut-on révoquer une donation entre époux ?

  • Il est possible à tout moment, comme un testament, de révoquer la donation de biens à venir faite à son conjoint et ce de manière unilatérale et sans que son conjoint n’en soit informé. Le coût de cette révocation est d’environ 100 €.
  • Cette révocation peut aussi être faite par testament olographe (écrit de la main). 
  • En revanche, si la donation a été faite dans le contrat de mariage, il n’est pas possible de la révoquer.
  • En cas de divorce,  depuis la loi du 26 mai 2004 entrée en vigueur le 1er janvier 2005, les donations de biens à venir sont révoquées de plein droit avec le prononcé du divorce.

Olivia DESCHAMPS, notaire.